© Maryan Sayd

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Horst Festival : quand l’architecture vibre avec la musique

En banlieue nord de Bruxelles, sur une ancienne zone militaire, se déroule depuis neuf éditions Horst, un festival mêlant scénographie, architecture, musique et arts visuels. Les installations éphémères du festival sont construites par un groupe de 500 bénévoles participant à un workshop de trois semaines avant les dates du festival. Avant la prochaine édition qui se déroulera du 9 au 11 mai 2024, AA s'est entretenue avec Carole Depoorter, architecte chez Onkruid et responsable de l'architecture du festival Horst.

Propos recueillis par Clara Baudry

Pourquoi avoir voulu mêler musique et architecture ?

Carole Depoorter : Horst couvre une large gamme d’événements. L’objectif initial était de réinventer un festival et de collaborer avec des artistes et des architectes, afin avant tout de créer une communauté et de rassembler les gens. La musique, les arts visuels et l’architecture possèdent des qualités immersives et la capacité d’entourer entièrement l’homme. Horst utilise l’art, l’architecture et la musique comme des instruments pour encourager les gens à interagir avec leur environnement, à activer et à stimuler le développement d’un quartier en transition.

Comment choisissez-vous les architectes qui conçoivent vos scènes (en 2023 Bruther, Stand Van Zaken, Leopold Banchini Architects…) ?

CD : Le programme d’architecture est élaboré par l’équipe interne d’architectes. Les principes d’économie circulaires, la capacité d’auto-construction (via le Horst Atelier) et la pertinence des membres dans le champ de l’architecture sont pris en compte.

© Tim Buiting

Que permet et qu’impose le contexte de festival en termes d’architecture ?

CD : Horst concentre actuellement son attention sur le site ASIAT — un ancien complexe militaire. Le site s’étend sur 6 hectares avec vingt entrepôts, disposés au sein d’un labyrinthe de couloirs, de verdure luxuriante, de places et, en arrière-plan, deux tours de refroidissement emblématiques. L’ensemble du complexe est envahi par la végétation en raison de décennies d’abandon. Ce nouvel espace public est en attente d’activation grâce à des initiatives artistiques, créatives et urbaines.

Le contexte du festival permet une architecture éphémère. Pour ces constructions nous invitons des jeunes à participer aux Horst Ateliers. L’objectif est de contribuer au développement des jeunes générations et de donner la sensation de faire partie du projet et d’une communauté. On retrouve la joie de fabriquer avec ses mains, entouré d’une multitude de créatifs d’horizons différents.

© Elias Derboven

Le fait de faire appel à des architectes est-il une façon pour vous de réinventer l’espace scénique ?

Lors des éditions précédentes du festival, nous avons collaboré, entre autres, avec Jozef Wouters (Decoratelier), Robbrecht & Daem, Pieterjan Ginckels, Assemble Studio, Architects De Vylder Vinck Taillieu, Atelier Bow-Wow, Gijs Van Vaerenbergh, 019, Brandlhuber, Fala Atelier, Atelier Tomas Dirrix, Rotor, Salottobuono, Traumnovelle and Sébastien Lacomblez, Karel Burssen et, en 2023, Leopold Banchini Architects, Marinella Senatore, Bruther, Stand Van Zaken, et bien d’autres encore. C’est en effet important pour nous, au-delà des shows musicaux, de travailler en profondeur l’espace scénique et le dancefloor en collaboration avec différents architectes et designers.

Cela nous offre l’opportunité de réfléchir et d’explorer ensemble les dynamiques sociales en jeu sur le dancefloor. De travailler avec une approche transdisciplinaire, de sonder des questions abstraites liées à l’architecture, et surtout ; cela nous permet de créer des expériences immersives et uniques, remettant en questions les habitudes conventionnelles du festivalier lambda.

© Jonas Reubens © Jente Waerzeggers © Illias Teirlinck

Par exemple, cette année l’agence d’architecture parisienne Bruther a conçu LE SOLEIL ROUGE, un grand cercle rouge réfléchissant projetant une lueur chaleureuse sur le public et symbolisant le coucher de soleil. L’arrangement séparé du disque rouge et du DJ a été délibérément choisi pour encourager différentes directions de mouvement sur le dancefloor. De plus, la nature réfléchissante du disque circulaire crée une connexion entre la piste de danse et son environnement ; il fait effet de miroir dans lequel on peut se voir ainsi que la rivière toute proche, la nature et les tours de refroidissement. En raison de ces orientations diverses, les festivaliers interagissent les uns avec les autres au lieu de se concentrer uniquement sur le DJ, ce qui résulte en une expérience sociale unique. L’édition du festival 2024 s’annonce spéciale car nous fêterons notre 10e anniversaire.

© Dieter van Caneghem © Maryan Sayd

Les scènes accueillent du son et des danseur·se·s. L’architecture de chacune est-elle influencée par le style de musique qu’elle abrite ? 

Chaque scène porte sa propre émotion et identité dans la musique qui y est jouée.

Nous partageons systématiquement une playlist qui transmet l’ambiance de la scène à l’architecte ou à l’artiste. De cette manière, une scène peut être interprétée comme plus ensoleillée, plus sombre ou plus ludique en fonction de la musique.

Que deviennent les structures conçues dans le cadre du festival ? Pourriez-vous préciser le système de réemploi de matériaux que vous utilisez ?

Le festival de musique annuel, les expositions d’art et la boîte de nuit qui s’ouvrira en octobre ne constituent qu’une infime partie des initiatives agissant comme un catalyseur pour donner vie au site ASIAT. En ne démontant pas immédiatement les scènes et les installations artistiques, une interaction naît entre le lieu et l’utilisateur. Horst-ASIAT est une expérience spatiale et artistique qui nous permet de capitaliser sur le potentiel social du parc et de répondre aux besoins spécifiques des riverains.

© Kasia Zacharko

Nous visons non seulement la circularité dans l’utilisation, mais aussi dans le choix des matériaux de construction. Nous impliquons en permanence des créateurs pour réfléchir ensemble à l’utilisation de matériaux réutilisables. xi, conçu par le collectif Stand Van Zaken, en est un bon exemple. Le vaste champ de colonnes est formé par d’imposants tuyaux d’égout en béton. Ces tuyaux d’égout ont été empruntés et pourront être réutilisés ultérieurement pour leur fonction d’origine.


Pour en savoir plus sur le festival, visitez le site : www.horstartsandmusic.com

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