Gitai Architects, Landroom, Désert du Néguev, Israël, 2020 ©Dan Bronfeld
Gitai Architects, Landroom, Désert du Néguev, Israël, 2020 ©Dan Bronfeld

Actualités

AFEX : le palmarès 2021

Chaque année depuis 2010, l'AFEX, l'association des Architectes Français à l’EXport, organise le Grand Prix AFEX de l’architecture française dans le monde. Ce grand prix vise à valoriser, faire connaitre et promouvoir, en France et dans le monde « la qualité de la production architecturale française à l’étranger » et « la démarche et les savoirs acquis par les architectes français à l’international ». Le jeudi 20 mai 2021, veille de l'ouverture de la 17ème Biennale Internationale d’architecture, le Palmarès du Grand Prix AFEX 2021 a été annoncé à Venise.
Le Grand Prix AFEX 2021 a été décerné à l’Atelier Tsuyoshi Tane Architects - ATTA pour le Hirosaki Museum of Contemporary Art à Hirosaki au Japon. Christian de Portzamparc a quant lui reçu le Prix Spécial du Jury pour l’ensemble de son œuvre à l’export.

 
Atelier Tsuyoshi Tane Architects - ATTA - Musée d'art contemporain, 2020, Hirosaki, Japon ©Daici Ano
Atelier Tsuyoshi Tane Architects – ATTA, Hirosaki Moca, 2020, Hirosaki, Japon ©Daici Ano

Le Grand Prix AFEX 2021 : Atelier Tsuyoshi Tane Architects, Hirosaki Moca, Japon.

Située à deux pas du Mont Iwaki, un volcan endormi, la ville de Hirosaki lance en 2016 un concours pour la transformation d’une distillerie de saké datant de 1907, transformée par la suite en cidrerie puis abandonnée, en musée d’art contemporain. L’Atelier Tsuyoshi Tane Architects remporte le concours en 2017 et conçoit son projet comme des « souvenirs en continu » mettant ainsi en avant l’importance accordée à la préservation des éléments d’origines du bâtiment. Le projet conserve la construction en brique de la distillerie, unique pour le japon du début du XXe siècle qui lui préfère traditionnellement les constructions en bois. De nouvelles briques sont également fabriquées avec les mêmes procédés qu’à l’époque pour le pavage au sol et remplacer celles étant trop abimées. La couche de plâtre intérieure a elle été supprimée pour faire apparaitre la structure du bâtiment nettoyée et partiellement remplacée. ATTA a également conservé, notamment dans la nouvelle grande salle d’exposition, du goudron et du bois en décomposition découvert pendant les travaux, afin de « donner du caractère au nouveau lieu ».
Ainsi entièrement rénové, le bâtiment principal en forme de L ménage ses 3 079 m² en deux ailes. La première, ouverte au public, accueille le musée, la second et dédie aux locaux de services, archives et bureaux. A côté un bâtiment indépendant de 497m² accueille une cafétéria, un restaurant, une boutique, une cidrerie ainsi qu’une mezzanine.


 

2Portzamparc, Centre culturel de Suzhou, 2020, Chine ©2Portzamparc
2Portzamparc, Centre culturel de Suzhou, 2020, Chine ©2Portzamparc

Prix Spécial du Jury pour l’ensemble de son œuvre à l’export : 2Portzamparc

AA reproduit ici le texte de Christian de Portzamparc à propos du Centre culture de Suzhou. 

« Je connaissais Suzhou et ses merveilleux jardins clos. Pour le concours du Centre Culturel en 2013, je découvrais plus loin, au bord du lac Thaï, l’immense plaine où la future ville de Wujiang allait naître. Ning Wang, chef de projet qui travaillait depuis 10 ans avec nous, me montra la vue du ciel. C’était comme un très grand morceau de Manhattan qui allait arriver. La construction commençait. Le plan de la future ville figurait sa trame quadrangulaire, et ses boulevards, immeubles, tours et puis un grand axe piétonnier perpendiculaire à la rive qui recevait toutes les rues en rassemblant la ville le long d’une promenade marchant vers le lac et le ciel.

Cette idée simple me plaisait bien. C’est à l’arrivée de cette avenue sur le lac, sur ses deux côtés, qu’il fallait implanter le centre culturel en deux ailes. L’aile du côté nord intègre un opéra de 1 600 places, un opéra chinois (salle modulable de 600 places), un conservatoire de musique et un cinéma à 360 degrés. Côté sud prennent place deux musées, un centre d’exposition, un centre de conférences, des cafés, restaurants, cinémas, et galeries commerciales sur une surface totale de 202 000 m². Ce simple schéma du plan urbain créait un site exceptionnel. La rencontre de l’avenue et du lac, conférait d’emblée au centre culturel le rayonnement dans l’espace que doit avoir un lieu qui rassemble les habitants.

Mais je voyais un problème: le centre culturel serait invisible depuis la ville, sur la belle transparence de l’avenue piétonne centrale. C’est pourquoi j’ai voulu réunir ces deux parties par quelque chose qui se voit sur l’axe mais qui pourtant ne l’obstrue pas visuellement. C’est la raison de ce ruban qui enveloppe, couvre et relie ces deux ailes en formant une sorte d’arche que l’on voit de loin dans la perspective de la ville vers le lac. Sur les berges du lac, le ruban forme une porte de la ville pour ces nombreux promeneurs. Au centre, il descend sur la terrasse pour abriter une placette commerçante en contre-bas qui est un point d’arrivée naturel dans la déambulation. On peut marcher et traverser l’axe à 40 mètres de hauteur pour voir le vaste panorama de la ville et du lac.
J’ai beaucoup travaillé avec André Luong et Ove Arup à cette gigantesque structure métallique qui est un chef d’oeuvre de précision et avec Arts Group et Zao Haifeng pour réussir la construction de ce ruban fait de deux fragments de bandes de Moebius. Cela a une grandeur de presque 500 mètres de long, comme les deux ailes du Trocadéro, et c’est bien à l’échelle du site.

Au-delà de ce site exceptionnel, je n’aurais pas eu le désir de cette architecture du mouvement s’il ne s’agissait pas d’un programme musical. Il existe, pour moi, une parenté entre la musique et l’architecture. Toutes deux se découvrent dans le temps, dans une durée. On découvre le mouvement continu du ruban en se déplaçant et l’architecture du centre culturel, par ses lignes, ses longues courbes en ascension et ses descentes, fait ressentir le mouvement de la musique. Visuellement j’ai déjoué l’axe central et l’acoustique est variable permettant de passer d’Opéra-théâtre à symphonique.

Nous avons travaillé avec les techniques et les matériaux locaux, fabriqués a moins de 50 km du site dans l’exigence d’une grande qualité d’exécution qui marque un grand progrès de maitrise technique en Chine par rapport à ce que Paul Andreu me montrait il y a dix ans. C’est la fierté de notre équipe d’avoir travaillé à la réussite de ce grand projet de la ville de Wujiang pour Suzhou et de contribuer ainsi à apporter notre expérience à cette coopération franco-chinoise. »

Christian de Portzamparc, Architecte et Urbaniste. 


Palmarès du Grand Prix Afex 2021 [DIAPORAMA]


Pour en savoir plus sur les lauréats du Grand Prix AFEX 2021, rendez-vous sur le site de l'AFEX

 

React to this article