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Sélection : 5 livres sur la ville

En préparant le numéro 448 « Quelle ville demain ? », la rédaction d'AA a pu découvrir une multitude d'ouvrages abordant la question de la ville. En voici une sélection. 

Two Sides of the border. Reimagining the region, Tatiana Bilbao Estudio, Lars Müller Publishers, 2020.

« Sous la direction de l’architecte mexicaine Tatiana Bilbao, treize studios et étudiants en architecture des États-Unis et du Mexique ont entrepris la tâche monumentale de tenter de saisir la région complexe et dynamique de la frontière américano-mexicaine. Two Sides of the Border envisage la région frontalière à travers cinq thèmes : la migration, le logement et les villes, les industries créatives, la production locale, le tourisme et les économies territoriales. S’appuyant sur une longue histoire commune dans la région, les projets couverts par ce volume utilisent le design et l’architecture pour répondre aux préoccupations sociales, politiques et écologiques le long de la frontière commune.

Avec des essais, des projets d’étudiants, des entretiens, des recherches spéciales et un grand projet photographique d’Iwan Baan, Two Sides of the Border met en lumière les qualités distinctes de ce lieu. Dans l’ensemble, le livre utilise les outils de l’architecture, de la recherche et de la photographie pour articuler une autre réalité dans une région contestée. »

www.lars-mueller-publishers.com

 

Architecture et dignité, Karim Basbous, Éditions Conférence, 2022.

« Le prestige de l’architecture se mesure à l’aune d’une notion qui, à la différence du beau, de l’utile ou de la construction, est restée dans l’ombre des traités. C’est dans le berceau de l’architecture occidentale, à l’époque où l’art de bâtir était avant tout une offrande, que la dignité se fait jour, avec la colonnade sous fronton, visage du temple hellénique. La force de cette figure du portique laissera une marque si profonde dans les esprits que la production architecturale s’en inspirera au cours des siècles pour entretenir l’image de la dignité, au bénéfice du prince, de l’évêque ou de la collectivité. Percer le secret de cette longévité et de cette universalité conduit à retracer la généalogie des multiples motivations derrière l’acte d’édifier.

La dignité, qui a survécu à son premier visage, dont les maîtres modernes ont renouvelé l’expression, est ce au nom de quoi les pouvoirs ont occupé la scène et décoré la ville, mais aussi ce dont le projet architectural s’est nourri pour noyauter les savoirs constructifs, ennoblir la fonction pratique des murs et vaincre la disparité des lignes du plan, de la coupe et de l’élévation par la volonté d’un tout ordonnateur. Elle peut mobiliser un plan souverain, à l’image du naos détaché et autonome, comme l’illustrent la Nouvelle galerie nationale de Berlin de Mies van der Rohe ou la bibliothèque Exeter de Kahn, ou une certaine manière de défier la gravité, que l’on peut observer aussi bien dans les palais des communes italiennes du Duecento que dans la modernité brésilienne — comme la Faculté d’architecture de Sao Paolo d’Artigas —, ou encore l’art de soulever, dont certains projets corbuséens — notamment la Cité radieuse — sont l’éclatante manifestation. Des premières cités occidentales à la ville postmoderne, cette notion éclaire d’un jour neuf les fonctions sociales du beau, mais aussi des notions majeures telles que l’utilité, la gravité, l’échelle, la structure, l’ordre ou le décor. La dignité permet également d’interroger sous un angle inédit les conditions de l’invention, la quête de sens depuis le siècle dernier, la place des modèles dans l’imaginaire des architectes, notre rapport au luxe et à la grandeur et notre attachement aux places dont les bâtiments ont la garde. »

www.revue-conference.com

 

 

Berlin. The Genius of Improvisation, Ariella Masboungi, DOM publishers, 2021.

« Berlin est une ville qui continue de fasciner. Elle a une histoire mouvementée et est la capitale de deux Allemagnes réconciliées ; elle est une destination touristique de plus en plus populaire et comprend des espaces de vie et de travail abordables pour les jeunes, les artistes et autres esprits créatifs. La métropole de 3,7 millions d’habitants est également le théâtre de projets urbains et architecturaux de grande envergure, de projets ascendants et d’initiatives citoyennes telles que le jardinage collectif et la vie en coopérative. Le miracle de la réussite de Berlin serait-il dû à son génie de l’improvisation, c’est-à-dire à sa capacité à s’adapter à un passé complexe, à inventer des lignes de conduite spécifiques, à négocier toutes sortes d’obstacles différents ?

Depuis 2016, les responsables politiques de Berlin élaborent une stratégie urbaine pour lutter contre la hausse des prix de l’immobilier et la gentrification. Un autre défi pour la ville est de s’adapter à l’évolution démographique et au nombre croissant de visiteurs. Plus participative, plus équitable et moins favorable aux voitures : Berlin se prête bien à divers modes d’organisation – partenariats public-privé, initiatives de sensibilisation des citoyens, actions sociales et économiques.
Ce livre vise à explorer la capacité de la capitale allemande à permettre la croissance de nouvelles idées et à rester ainsi un leader en matière d’innovation. Les processus identifiés ici, et les paradoxes qui en découlent, risquent même de remettre en question les méthodes et stratégies employées aujourd’hui dans d’autres villes européennes. »

www.dom-publishers.com

 

Paysage de lignes. Esthétique et télécommunications, Carlotta Darò, MétisPresses, 2022.

« « Je pense que dans l’avenir des fils électriques connecteront les sièges sociaux des compagnies de téléphone dans différentes villes, et qu’un homme situé n’importe où sur terre pourra communiquer par la parole avec un autre à un endroit éloigné. » En 1878, deux ans après l’invention du téléphone, Alexander Graham Bell imagine un futur de transformations radicales rendu possible par un réseau dense de fils téléphoniques: prémonition qui ne tardera pas à s’avérer.

Cet ouvrage dépeint l’histoire matérielle et anonyme des objets qui composent les télécommunications modernes: poteaux électriques, fils et câbles, prises et interrupteurs, en passant par des dispositifs et micro-architectures ingénieux tels le théâtrophone et la cabine téléphonique. À partir de l’installation héroïque, vers la fin du 19e siècle, d’infrastructures couvrant la surface terrestre, traversant les sous-sols, les océans et les mers jusqu’à pénétrer les intérieurs domestiques, Paysage de lignes propose une lecture qui, par sa pluralité d’axes, explore les multiples liens et croisements que ces «choses» techniques entretiennent avec l’architecture et l’art. Enrichi d’images d’archive inédites nous révélant un imaginaire stupéfiant, cet ouvrage apporte un regard esthétique sur des objets ordinaires qui ont changé à jamais le paysage urbain, rural et domestique de notre civilisation. »

www.metispresses.ch

 

 

Terrain critique. Des nouveaux usages de l’art en urbanisme, Thierry Maeder, MétisPresses, 2022.

« Tour à tour tactique, temporaire, festif, participatif, créatif, humain, l’urbanisme a pris des formes inédites depuis le tournant du 21e siècle. Les notions d’affect, d’expérience et de design se sont installées progressivement dans l’éthos des professionnels de l’urbanisme, alors que celui-ci s’ouvrait à des acteurs inattendus et à de nouveaux arts-de-faire. Cette transformation est le produit d’un long dialogue entre pratique et critique : à la critique de l’expertise et de la mise à distance de l’habitant, l’urbanisme a répondu par la participation ; à la critique de la légitimité, il a répondu par la narrativité et la mise en scène célébrative de son action ; à la critique de la monotonie et de la morosité du modernisme, il a répondu par le recours à l’authenticité et à l’événementialisation des centres-villes.

L’enquête qui fait l’objet de cet ouvrage dresse le récit d’une intégration progressive de l’action culturelle et artistique en urbanisme. Face à un contexte de défiance à son égard, elle décrit un urbanisme qui s’ouvre à des compétences en matière de médiation, d’animation et de communication. Et dépeint, à l’inverse, un monde de l’art impatient d’investir cette nouvelle niche de la commande publique urbaine. L’intrigue qui s’y joue laisse percevoir l’émergence d’un nouvel esprit de l’urbanisme. »

www.metispresses.ch

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