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Nouvelle-Orléans, dix ans plus tard : place au bayou

Le lundi 29 août 2005, l’ouragan Katrina atteignait les côtes de la Louisiane. Ce samedi 29 août, une décennie se sera écoulée depuis la catastrophe qui a bouleversée la ville de la Nouvelle-Orléans. L’inondation qui s’en était suivit avait submergé 80% de la ville et mis en péril la société Louisianaise, tributaire des échecs des réponses gouvernementales et fédérales. Si les pouvoirs publics ont, depuis, repris les choses en main, leurs réponses ne sont pas toujours les plus adaptées.

Pendant les trois mois qui suivent la déferlante Katrina, la Nouvelle-Orléans est une ville fantôme. Le retour de la population n’est autorisé par les autorités qu’en novembre 2005. Des images chocs font alors la Une des journaux, mais il est difficile d’imaginer l’épreuve que représente cette « re-colonisation » d’une ville inondée. Doit-on reconstruire ? Doit-on abandonner ? Doit-on laisser faire les habitants, et aviser ?

Vu les multiples tempêtes dévastatrices ayant touché la région par le passé, aurait-on pu empêcher la catastrophe ? Au XXe siècle, la ville s’était étendue progressivement vers le Nord (sous le niveau de la mer), s’appuyant sur le drainage mécanique des bayous (marais locaux) depuis les hautes rives du Mississippi jusqu’au Lac Pontchartrain. En août 2005, ce système d’évacuation des eaux de pluie via les canaux, mal entretenus, a montré ses limites. Ce sont les murs de trois de ces canaux qui se sont brisés en 2005, laissant l’eau déferler sur les pavillons et leurs habitants.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Depuis Katrina, la ville s’est en partie reconstruite, les touristes et le son du jazz ont réanimé les rues, le French Quarter a retrouvé ses odeurs et ses mystères. Les efforts de l’État se sont, eux, concentrés sur le renforcement des digues (composées de levées ou de floodwalls). Ainsi, avec la densification des protections de la ville contre son environnement naturel, la Nouvelle-Orléans se transforme peu à peu en une citadelle coupant tout contact visuel avec ce qui l’entoure. 50% du territoire est pourtant composé d’eau avec le Lac Pontchartrain, le Mississippi et les marécages du delta, ainsi que des canaux traversant la ville.

Si de grands projets d’équipements publics et de systèmes hydrauliques semblent actuellement redorer l’image de la ville, des milliers de parcelles laissées en friche ont été rasées, notamment dans les zones les plus basses de la ville et le long des canaux. Ces zones « indésirables », marginalisées et en crise d’identité, portent ainsi les marques d’un traumatisme encore latent. Et qui se traduit dans la présence des floodwalls, murs de protection de trois mètres de haut, créant des frontières de plus de 7 km de long au sein de la ville.

Répondant à une logique de « dé-densification » de ces quartiers, au profit de ceux situés en hauteur, pourquoi le bayou ne reprendrait-il pas ses droits ? Il créerait peu à peu des zones inondables végétalisées et naturellement drainantes en cas de pluie, zones tampon protectrices contre les raz-de-marée. Une reconsidération des canaux comme espace public, et une reconnexion visuelle avec l’eau permettraient de reconnecter La Nouvelle-Orléans avec son territoire et de vraiment parler sans langue de bois de « ville résiliente ». •

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Pour aller plus loin : l’article du New-York Times sur le sujet.

Images et texte de Pauline Dupont Lhotelain (© PFE, École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles)

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