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Hassan Ragab, l’architecture de l’intelligence artificielle

Une ville verticale contenue dans un tram géant, un bâtiment recouvert d'un plumage rougeoyant, une structure néo-Art nouveau en bois... L'imagination de l’artiste et designer égyptien Hassan Ragab, basé en Californie, semble ne pas avoir de limites quand il s'agit d'art génératif, une pratique qui utilise les algorithmes pour générer une image de manière autonome. « J'explore l'art génératif depuis un certain temps grâce aux outils de conception informatique, mais c’est durant l’été 2022 que j'ai commencé l’explorer plus en profondeur en utilisant Generative AI. » Pour AA, en lien avec notre numéro 454 Architectures du futur [toujours disponible sur notre boutique en ligne] il répond à quelques questions sur les enjeux de ces nouvelles représentations de l'architecture.

Propos recueillis par Eléonor Gras

Vous avez une formation d’architecte. Pensez-vous que l’Intelligence Artificielle (IA) puisse changer notre perception de la ville et comment peut-elle nous aider à imaginer l’avenir de l’architecture ?

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Hassan Ragab : L’architecture et l’environnement bâti définissent ce que nous appelons « l’image de la ville » et nos souvenirs urbains visuels. Si l’impact global actuel de l’IA sur l’architecture et l’urbanisme est en grande partie visuel, je ne vois pas pourquoi elle ne nous permettrait pas de nous aventurer dans des projets plus ambitieux qui aillent au-delà de cet aspect esthétique pour façonner nos villes de manière inédite.

Ce qu’on appelle l’« IA Générative » [les IA qui utilisent des contenus existants pour apprendre et en générer de nouveaux, NDLA] a la capacité de repousser les limites de l’art et du design vers une nouvelle frontière des créations humaines. À mon avis, elle nous permettrait non seulement d’imaginer l’avenir de l’architecture, mais aussi de comprendre notre environnement bâti documenté. L’IA a un contexte bien plus large que celui de n’importe quel être humain ; c’est donc un outil extrêmement puissant pour imaginer et visualiser les mondes qui ont été ou qui doivent encore devenir.

Comment l’intelligence artificielle peut-elle influencer la manière dont les architectes représentent leurs projets ?

Actuellement, de nombreux architectes utilisent les outils comme Text2Image pour créer des visualisations attrayantes pour leurs projets ou pour explorer de nouvelles formes et de nouveaux concepts avant de les mettre en œuvre dans leurs projets. Bien que l’intelligence artificielle n’ait pas encore atteint son véritable impact sur l’architecture, on peut vraiment sentir comment les concepts architecturaux sont déjà poussés vers un nouveau domaine en tant que sous-produit de cette nouvelle technologie.

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Pensez-vous qu’il existe des limites à l’utilisation de l’IA dans l’architecture ?

Pour l’instant, il y a plusieurs limites. La première est que les outils disponibles pour le grand public ne génèrent que des images artistiques 2D qui n’ont ni l’échelle, ni les détails qu’un dessin d’architecture nécessiterait. Une autre concerne la partialité de l’ensemble des données et la façon dont elle peut favoriser les architectes déjà établis à développer leurs œuvres encore plus loin. Enfin, une limite qui m’a toujours inquiété est la variété restreinte des données de l’IA et la façon dont elle introduit un biais en faveur de certains styles par rapport à d’autres. Je pense malgré tout que ce ne sont que des barrières temporaires que la technologie franchira dans un avenir proche.

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Hassan Ragab est artiste conceptuel et designer informatique.
Plus d'informations : @hsnrgb

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