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Bâtiment d’Enseignements Mutualisés, École Polytechnique

Le Bâtiment d’Enseignements Mutualisés (BEM) du quartier ouest de l’École Polytechnique sur le campus Paris-Saclay était inauguré en décembre 2023, presque dix ans après le concours remporté par le quatuor Sou Fujimoto, Nicolas Laisné, Manal Rachdi (OXO architectes) et Dimitri Roussel (DREAM). Ce nouveau learning center est composé d’un volume de plus de 9 000 m2 répartis sur quatre étages, et d’un atrium de 1 000 m2 totalement vitré qui déplace l’entrée de l’École Polytechnique, dont le BEM est une extension, vers la future entrée du campus qui sera inaugurée lors de l’ouverture de la future gare du métro 18, prévue pour 2026.

Ce projet n’est pas seulement une pièce urbaine dans un ensemble qui peine à trouver son équilibre. Il fut avant tout une occasion pour ses architectes d’incarner leurs réflexions sur l’enseignement. « Dans une salle de classe traditionnelle, l’enseignement est unidirectionnel. Nous avons respecté les consignes du concours, mais il était important pour nous d’aller au-delà du programme et de proposer des lieux où un enseignement multidirectionnel est possible », souligne Sou Fujimoto. Alors dans l’atrium, nichées entre les circulations flottantes, quatre volées de gradins en bois : des « amphithéâtres spontanés », selon les termes des architectes, ouverts aux quatre vents, pour échanger et travailler ensemble sans être cloisonné, ni par les cursus, ni par l’enceinte d’une salle de classe. Pour que l’endroit ne soit pas uniquement un lieu de passage et encourager les étudiants et les chercheurs à s’y arrêter, les architectes en ont fait un « espace tempéré », en combinant huit arbres en pleine terre avec un système de ventelles automatiques connectées à une sonde mesurant l’humidité et la température.

Vue de l’atrium du BEM © Sergio Grazia

Si l’introversion est réussie, le choix de se tourner vers un extérieur décidemment ingrat est assumé par les architectes du BEM. Selon Dimitri Roussel, « il faut laisser le temps à Saclay de développer un lien entre les différents bâtiments, et cela passe par l’espace public. » Sou Fujimoto d’ajouter : « Un bâtiment est une si petite chose dans ce quartier en mutation. Mais en créant une ouverture vers le campus, nous espérons faire de ce learning center l’un des bons exemples de ce qu’il est possible de faire dans ce contexte. » On peut sans doute en dire autant des intentions de Rem Koolhaas (l’École CentraleSupelec) ou de Renzo Piano (l’École normale supérieure de Cachan) dans le quartier Moulon à l’est du plateau, ou encore du bâtiment d’Emmanuelle et Laurent Beaudouin (Lumen Learning Center), sans doute l’un des plus réussis. Mais à Saclay, les bonnes intentions des architectes semblent ne pas suffire à faire « quartier ». À suivre.

© Iwan Baan

 

Les salles de classes s’ouvrent sur l’atrium © Iwan Baan

 

© Sergio Grazia

 

© Sergio Grazia

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