© L'Architecture d'Aujourd'hui n°433 - Dossier : Atelier Provisoire, Sylvania
Le système Sylvania

Architecture

Le modulaire en modèle

Dans le dossier de son numéro 433 consacré au logement social, AA présentait « Sylvania », un système de construction modulaire à ossature bois, mis au point en 2010 par les architectes bordelais d’Atelier Provisoire et le bailleur social Aquitanis.

Depuis, la formule a permis la réalisation de logements sociaux de qualité dans la banlieue bordelaise. L’ingrédient clef ? Sa transmission possible d’une agence à l’autre… dont la jeune agence Aldebert-Verdier Architectes, fondée en 2011 par Audrey Aldebert et Paul-Henry Verdier, diplômés de l’ENSAP de Bordeaux. Ceux-ci ont conçu deux projets de logements sociaux à l’aide du système Sylvania, à Ambarès-et-Lagrave au nord de Bordeaux en décembre 2014 et dans le quartier Caudéran, en juillet 2017. Entretien.

Propos recueillis par Morgane Ravoajanahary

L’Architecture d’Aujourd’hui : Dans quel contexte avez-vous commencé à travailler avec le système Sylvania ?

Paul-Henry Verdier : À la suite d’un appel d’offres, nous avons été sélectionnés en 2011 pour réaliser 24 logements et commerces à Ambarès-et-Lagrave, dans la métropole bordelaise. Pour ce premier projet, l’enjeu était de créer un lien entre une résidence des années 1980, propriété d’Aquitanis et un axe commerçant, le tout dans un périmètre de protection des monuments historiques. Pour le deuxième projet, l’objectif était de revitaliser l’imposante résidence Saint-Amand dans le quartier de Caudéran à Bordeaux, située à proximité de logements individuels et de petits collectifs. Notre proposition a trouvé sa place au milieu de cette mixité d’échelles, grâce à son gabarit intermédiaire.

AA : Quels sont pour vous les principales qualités et défauts de ce système, pour l’architecte, mais aussi pour le futur locataire ?

P.-H. V. : Tout d’abord, ce système permet à la fois de réduire le temps de construction et d’avoir un chantier propre, à faible nuisance pour les voisins. La trame constructive de 3,4 x 3,4 m offre des typologies généreuses. Nous avons dessiné des T2 de 48 m², là où d’ordinaire les surfaces sont comprises entre 42 et 45 m²,  et des T3 de 73,5 m² contre 65 à 68 m² en moyenne. Je ne vois pas vraiment de défauts à ce système. La règle du jeu, très précise, ne permet que du positif : des logements plus grands avec des épures assez justes. Le coût s’élève à 1 400 €/m² SHAB, pour un projet de qualité, à ossature bois… C’est un bon ratio. Le seul reproche qui nous été fait à Ambarès-et-Lagrave, où chaque logement bénéficie d’un espace extérieur, concerne le caillebotis en bois au sol des terrasses. Celui-ci laisse passer la poussière, les miettes et l’eau de pluie, qui retombent sur le voisin du dessous. À cause du principe constructif, les habitants ont eu du mal à s’approprier ces espaces. Ce désagrément nous a incité à nous questionner sur ces espaces extérieurs… Et si leur générosité avait fini par limiter leur qualité ?

AA : Quelle a été votre marge de liberté avec un tel système ?

P.-H. V. : Sylvania impose bien évidemment une limite formelle et un agencement très réglé. Il est vrai que cela peut « figer » la conception. Mais il y a tellement de combinaisons possibles ! Avec Sylvania, on obtient un meilleur rapport économie/qualité. Je vois Sylvania comme un jeu en 2D auquel nous apportons la troisième dimension, sans que cela ne contraigne notre créativité. En 2011, le projet à Ambarès-et-Lagrave était notre premier immeuble collectif. Utiliser le principe Sylvania nous a aidés à concevoir plus simplement avec les normes, notamment en ce qui concerne l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Ces étapes facilitées, nous avons pu nous concentrer sur la composition des façades et de l’enveloppe, en retrouvant une certaine liberté, certes encadrée mais bien présente. Suite à cette expérience avec Sylvania, nous continuons à réaliser des projets de logements collectifs en bois, comme le foyer pour jeunes travailleurs Jean Zay que nous avons livré à Talence en août 2017 pour Gironde Habitat ou encore la résidence étudiante Simone Veil à Pessac livrée en août 2018 pour Clairsienne et le CROUS. Actuellement, dans presque 70% de nos projets, nous avons pu introduire un principe constructif mixte similaire à celui de Sylvania, avec des planchers à poutres en béton et des mur à ossature bois. Aujourd’hui, la conception modulaire est un champ d’exploration qui se développe de plus en plus, tant pour les agences d’architecture que pour les opérateurs sociaux. Le système Sylvania a été pour nous un point de départ très avantageux pour débuter dans le logement collectif en matériau bois. C’est une belle opportunité pour une jeune agence.

Sylvania, 24 logements et commerces à Ambarès-et-Lagrave, décembre 2014 

AVA_SYLVANIA_photo_©-Edouard-Decam-(9)
Sylvania, 24 logements à Ambarès-et-Lagrave, 2014 © Edouard Decam

 

AVA_SYLVANIA_photo_©-Edouard-Decam-(2)
Sylvania, 24 logements à Ambarès-et-Lagrave, 2014 — Balcon-terrasses © Edouard Decam

 

Sylvania, 24 logements à Ambarès-et-Lagrave, 2014 — Lien avec le bâti existant © Edouard Decam
Sylvania, 24 logements à Ambarès-et-Lagrave, 2014 — Lien avec le bâti existant © Edouard Decam

 

Sylvania, 24 logements à Ambarès-et-Lagrave, 2014 — Plan du rez-de-chaussée © Aldebert Verdier
Sylvania, 24 logements à Ambarès-et-Lagrave, 2014 — Plan du rez-de-chaussée © Aldebert Verdier

Résidence Saint-Amand dans le quartier de Caudéran à Bordeaux, juillet 2017 (conçue avec Sylvania)

Résidence Saint-Amand, 2017 — Contexte © Edouard Decam
Résidence Saint-Amand, 2017 — Contexte © Edouard Decam

 

Résidence Saint-Amand, 2017 © Edouard Decam
Résidence Saint-Amand, 2017 © Edouard Decam

 

Résidence Saint-Amand, 2017 — Plan du rez-de-chaussée © AVA Architectes
Résidence Saint-Amand, 2017 — Plan du rez-de-chaussée © AVA Architectes

Résidence étudiante Simone Veil à Pessac, en août 2018

Résidence Simone Veil, Aldebert Verdier Architectes, 2018 © Edouard Decam
Résidence Simone Veil, Pessac, Aldebert Verdier Architectes, 2018 © Edouard Decam

 

Chambre de la résidence Simone Veil, Pessac, Aldebert Verdier Architectes, 2018 © Edouard Decam
Une chambre de la résidence Simone Veil, Pessac, Aldebert Verdier Architectes, 2018 © Edouard Decam

 

www.aldebertverdier.com

Le n°433 – Logement social, une exception française ? – est toujours disponible sur notre boutique en ligne. Vous pourrez notamment y (re)lire l’article qui présentait le système Sylvania, mis en place par l’agence Atelier Provisoire et le bailleur social Aquitanis.

React to this article