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Du labyrinthe Richelieu au palimpseste de l’atelier Bruno Gaudin

© Takuji Shimmura

Patience et pondération. C’est ainsi que l’atelier Bruno Gaudin a mené la première phase de rénovation du quadrilatère Richelieu, maison mère de la Bibliothèque Nationale de France, ouverte au public le 15 décembre dernier. Un projet néanmoins ambitieux puisqu’il a consisté à mettre à jour les différentes interventions architecturales qui se sont superposées au fil des ans. Un travail d’acupuncture.

« L’obsolescence du site au regard des conditions d’accueil du public comme des normes de sécurité ou de conservation des œuvres imposait d’urgence une rénovation », précisaient les architectes Virginie Brégal et Bruno Gaudin à l’occasion de la livraison de la première phase de transformation du quadrilatère Richelieu (75002), site historique de la Bibliothèque Nationale de France. Amiante, plomb… il fallait dépolluer mais surtout penser la restructuration d’un ensemble comptant par endroits pas moins de 14 niveaux de planchers ! La première étape de rénovation (35.000 m2 sur 68.000 au total) est donc issue d’un long chantier mené pendant cinq ans consistant essentiellement à « dé-densifier un bâtiment qui s’était densifié jusqu’à saturation au fur et à mesure de son histoire, depuis son édification au XVIIème siècle ». Bref, un bâtiment en chantier permanent pendant trois siècles, pour agrandir ici une salle de lecture, là un espace pour entreposer les ouvrages. Une densité qui a fini par former un véritable labyrinthe où l’orientation était devenue impossible. « Lorsque nous avons découvert le site en 2007, nous avons mis une semaine complète à visiter les locaux », précisent les architectes. L’enjeu était donc clair : repenser l’organisation du bâtiment avec notamment, en son cœur, un espace public digne de ce nom, qui distribue tous les espaces communs. Une façon aussi de relier les trois institutions présentes sur le site : la BNF mais aussi l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) et bientôt la bibliothèque de l’Ecole des Chartes. À l’Architecte en Chef des Monuments Historiques Jean-François Lagneau la restauration d’espaces classés telle la monumentale salle Labrouste, à l’atelier Bruno Gaudin la non moins complexe tâche d’ouvrir au public des lieux de stockage auparavant inaccessibles, comme le Magasin central, 11 niveaux en partie construits par l’architecte Henri Labrouste entre 1857 et 1868 puis complétés par différentes extensions signées Michel Roux-Spitz entre 1936 et 1959. « C’est ici que s’exprime le projet architectural. » C’est là en effet que les équipes de Virginie Brégal et Bruno Gaudin ont choisi non pas de rajouter une couche supplémentaire à l’illisible palimpseste, mais au contraire de désosser jusqu’à rendre visibles les différentes strates. Quid de leur signature ? Elle est partout présente puisque grâce à eux les contraintes de sécurité sont transformées en véritables composants architecturaux, tels ces caillebottis faisant d’escaliers répondant aux normes de sécurité des puits de lumières. Un exemple parmi d’autres d’un travail de titan mené par des mains d’orfèvres. Rendez-vous en 2020 pour l’inauguration de la deuxième phase.

Emmanuelle Borne

Salle de lecture
© Marchand Meffre

Salle de lecture

©Takuji Shimmura

Stratification

Salle Labrouste
© Marchand Meffre

Salle Labrouste

© Takuji Shimmura
© Takuji Shimmura

Vestibule

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