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TAMassociati : « Nous sommes des citoyens avant d’être architectes »

Organiser un rendez-vous avec les associés de l’agence TAMassociati est déjà une expérience en soi. D’abord, il faut choisir une ville. Massimo Lepore vit et travaille à Bologne, Simone Sfriso à Venise et Raul Pantaleo à Trieste. Ces trois cités historiques reflètent un choix plutôt original pour l’Italie, généralement parcourue via les axes Milan-Rome ou Turin-Venise. Ainsi, rencontrer TAM signifie aussi sortir des sentiers battus de l’architecture italienne. Nous nous sommes finalement retrouvés à Venise, Calle Lunga San Barnaba, où se trouvent leur agence. Il fut parfois impossible de distinguer les trois voix, à l’image, finalement, de l’idée qu’ils se font du collectif. 

TAMassociati © Andrea Avezzù
L’équipe de TAMassociati : Massimo Lepore, Raul Pantaleo, Simone Sfriso avec Laura Candelpergher, Annamaria Draghetti, Enrico Vianello. © Andrea Avezzù

L’Architecture d’Aujourd’hui : Vous avez officiellement fondé votre agence en 1996, après plusieurs années de collaboration informelle. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Massimo Lepore, Raul Pantaleo, Simone Sfriso (TAM) : Notre rencontre a eu lieu pendant nos études d’architecture à l’IUAV de Venise. C’était en 1985, à l’occasion d’un événement organisé par l’EASA (Assemblée Européenne des Étudiants en Architecture). Un an plus tard, nous avons commencé à travailler tous les trois au sein du magazine Utopica. À l’époque, nous développions un esprit de résistance face aux grandes tendances dominantes et Utopica était le fer de lance d’une sorte d’avant-garde, qui rêvait d’une Europe meilleure – y compris en Europe de l’Est. Ce magazine a été le premier à faire la part belle au thème du développement durable, en pleine hégémonie du postmodernisme. Notre premier article traitait d’éoliennes, et de leurs conséquences sur le paysage. Grâce à cette revue, nous avons aussi élargi nos centres d’intérêt à toute la scène européenne. Par exemple, nous avons eu la chance d’apprendre énormément sur l’architecture en Europe de l’Est, où la discipline avait été soustraite du débat pendant des décennies en raison de la situation politique. Nous nous sommes mis aussi à voyager, à découvrir d’autres villes…  Cette approche était radicalement différente de ce qu’on nous enseignait à l’université, où on nous poussait à étudier énormément, mais avec très peu de mise en pratique.

AA : En quoi cette expérience commune a-t-elle influencé la création de votre agence ?
TAM : Pour nous, l’architecture résulte nécessairement d’une expérience collective. Nous avons commencé à signer nos projets sous pseudonyme, en réaction à toute forme de « domination autoritaire ». Nous voulions à tout prix éviter la structure pyramidale, et c’est ainsi qu’est né le nom TAM – pas comme un acronyme de nos noms ou prénoms, mais comme une entité collective, permettant de travailler à la croisée de plusieurs disciplines.

AA : Pour en revenir à votre formation, quels sujets avez-vous développés dans votre thèse, et sous la direction de quels professeurs avez-vous travaillé ?
Raul Pantaleo : Massimo et moi avons passé notre diplôme ensemble. Nous avions élaboré un projet pour la Vila Olímpica de Barcelone, avant les Jeux Olympiques de 1992. C’était un moment très particulier, après tant d’années de franquisme. Sur place, nous avons travaillé sous la supervision de Josep Maria Llop Torné, alors qu’à Venise, le tuteur qui nous avait été assigné par l’IUAV, Vittorio Gregotti, n’était pas précisément enthousiasmé par notre travail…
Simone Sfriso : Pour ma part, j’ai travaillé sur un projet pour la nouvelle mairie et les espaces publics de la ville de Caorle, dans la province de Venise, sous la tutelle de Giorgio Lombardi, un architecte et urbaniste qui s’intéressait beaucoup à l’espace public. Il avait notamment étudié le sujet des fronts de mer et des places publiques d’Amérique latine, mais aussi collaboré avec l’Unesco… Il était très différent des architectes proches d’Aldo Rossi, qui jouait à l’époque un rôle déterminant au sein de notre faculté. Pour autant, je dois dire que les « maîtres » ont eu une grande influence, y compris de façon négative : certains ont aiguisé notre sens critique, en réaction à leur conception très datée de l’architecture.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien, mené par Manuel Orazi, en cliquant ici.
Le numéro spécial consacré à TAMassociati est disponible sur la boutique en ligne.

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