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Nouveau Stade de Bordeaux, jeux d’optique

« Monumentale et délicate ». Il ne s’agit pas là d’un oxymore mais des adjectifs employés par Pierre de Meuron pour qualifier l’architecture du Nouveau Stade de Bordeaux, conçu par son agence Herzog & de Meuron en collaboration avec Groupe 6 pour l’exécution. Lors de son inauguration le 18 mai dernier après deux ans de travaux, les bordelais, désormais habitués à la silhouette diaphane du bâtiment, ont pu découvrir et expérimenter les espaces et les dispositifs élaborés par les architectes suisses. Visite.

S’ils paraissent flous depuis le lointain, les contours du Nouveau Stade de Bordeaux se précisent à son approche. À l’entrée, près de mille colonnes métalliques composent une façade cinétique qui semble se dérober dans les angles pour donner à voir les variations du ciel. Parmi ces poteaux, seuls deux tiers soutiennent la toiture plane, les autres assurant l’évacuation des eaux de pluie ou le passage de câbles. Au premier plan, les arbres du parvis conçu par Michel Desvigne participent à l’illusion, tel un contrepoint végétal au spectacle architectural. Une discrète grille de contrôle sépare le filtre arboré de la façade et, au pied du vaste emmarchement qui se reflète en sous toiture, plus rien ne freine l’accès aux tribunes qui comptent pas moins de 42.000 places. Derrière ce socle de béton à ossature acier, les coulisses du bâtiment sont éclairées par la lumière du jour filtrée par un escalier ajouré. Au sommet de l’escalier, l’accès à la coursive est mis en scène par un ruban blanc qui ondule entre les colonnes, et dont l’épaisseur accueille les espaces de restauration, les sanitaires et autres services. Recouvert de panneaux d’aluminium composites, ce lieu d’attente et de déambulation fait office d’écran visuel entre les espaces intérieurs et l’extérieur du stade. Après avoir traversé ces différentes séquences, le spectateur s’installe sous un porte-à-faux de 44 mètres qui capte la lumière en ses extrémités sans rien révéler de sa charpente métallique. L’heure n’est plus aux démonstrations architecturales ; place au jeu. •

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Photos de Francis Vigouroux et Iwan Baan
Texte d’Alice Dubet

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