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Archi en aparté : DTACC

Christian Sbeih, Fabrice Mathy, Jérôme Liberman © DTACC

À la manière d’un court questionnaire de Proust, AA interroge les architectes sur leur métier, leurs projets, leur vision de l’avenir. Aujourd’hui, rencontre avec Jérôme Liberman, Christian Sbeih, et Fabrice Mathy architectes associés de l’agence DTACC à Paris. Fondée par Jacques Cholet et Georges Carvunis il y a 21 ans, l’agence réalise notamment des rénovations, sur des immeubles inscrits ou classés monuments historiques. En 2016, ils sont lauréats du Grand Prix Maître d’Oeuvre du Geste d’Or, récompensant 10 chantiers sur 10 ans, dont l’hôtel Radisson Blu de Nantes, une reconversion en 2012 de l’ancien Palais de Justice de Nantes de 1851.

 

Dior Showroom, Paris, 2015 © DTACC

Être architecte c’est…
Jérôme Liberman : Adapter le monde au monde tel que je souhaiterai qu’il fût.
Christian Sbeih : Faire en sorte que cet « acte violent de construire » donne naissance à l’émerveillement pour ceux qui habitent ce monde.
Fabrice Mathy : Etre curieux des « choses » qui nous entourent, maîtriser le langage qui permet à l’homme de traduire ses envies, et constituer son cadre idéal de vie.

Ma commande idéale
JL : Un projet improbable dans un lieu improbable pour une personne improbable.
CS : L’architecture imaginaire d’un film noir, mais aussi la maison où je verrais grandir mes futurs enfants.
FM : Celle qui transforme à la fois nos rêves et ceux de nos clients en réalité.

Mon métier dans 20 ans
JL : L’architecture est une science abordée par l’intuition et un art abordé par le calcul. Mon intuition aura évolué et les modes de calcul auront complètement changé. Il aura donc évolué vers un tout autre métier.
CS : La même passion et plus de temps, la « Slow Architecture » pour encore mieux faire les choses.
FM : L’Architecture est un Art qui a cette particularité de se régénérer et d’évoluer sans cesse. L’Architecte fait de même, renforce son expertise, ses convictions, sa maîtrise, il est même l’acteur principal de ce changement… les outils propre à l’expression de son langage le suivront.

OCDE, Boulogne-Billancourt, 2014 © DTACC

Le conseil que je donnerais à un jeune architecte
JL : Aller jusqu’au bout de ses responsabilités.
CS : Rester « jeune », exigeant et curieux.
FM : Qu’il se passionne pour ce qu’il fait et défende sa vision du monde contre vents et marées.

Ce que je souhaite transmettre à mes collaborateurs
JL : S’ouvrir à tous les domaines du savoir humain pour savoir se réinventer sans limite.
CS : Rester « jeunes », exigeants et curieux.
FM : La passion de l’architecture, l’exigence du « beau », la rigueur de la technique.

L’architecte émergent qu’il faut suivre
JL : Studio Velocity, agence japonaise d’Okazaki, avec Miho Iwatsuki et Kentaro Kurihara.
CS : Nous !
FM : Nous.

Factory, Paris, 2017 © DTACC

Le projet que j’aurais aimé signer
JL : Le Centre Georges Pompidou.
CS : Le prochain projet de l’agence.
FM : En dehors des projets qui nous sont confiés et que nous avons le privilège de réaliser, la récompense ultime est le projet « sublime ».

L’autre profession que j’aurais aimé exercer
JL : Physicien-mathématicien.
CS : Etre architecte est une « autre » profession tous les jours. Cela dit, je ne me pose pas la question, l’architecture m’a happé à l’âge de 7 ans.
FM : Passionné de mécanique depuis toujours, Gentleman Driver et Biker dans l’âme, Pilote restera un « rêve de gosse ».

Tour IBOX, Paris, en cours © DTACC

Un livre, un objet, une œuvre que j’aime particulièrement
JL : Le recueil de nouvelles « Fictions » de Jorge Luis Borges, et plus particulièrement la Bibliothèque de Babel, ce lieu infini où résident tous les possibles.
CS : Le travail de François Delarozière, inventeur des machines extraordinaires de l’Ile de Nantes. Regarder ses dessins me plonge en enfance et me donne une envie furieuse d’être encore plus créatif.
FM : De Giovanni Battista Piranesi à François Schuiten, de l’art de sublimer l’antiquité à l’architecture monumentale, de l’outil à la machine…

Un lieu qui m’inspire
JL : Le Salar d’Uyuni, le désert de sel en Bolivie.
CS : Beyrouth. Une ville où la schizophrénie, l’amnésie urbaine, le génie créatif, la construction, la destruction, le beau, le laid, l’attendrissant, le rageant, le grandiose, et l’infiniment trivial se côtoient de manière unique.
FM : Ma propre maison est le lieu privilégié propre à ma réflexion, j’y trouve mes ressources, elle est à mon image.

Reconversion de l’ancienne maison d’arrêt, Nantes, en cours © DTACC

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