Florian Betemps, Benoit Simmonet, Le Promontoire, Faverges-Seythenex «Les Combes », 2020  © David Foessel
Florian Betemps, Benoit Simmonet, Le Promontoire, Faverges-Seythenex «Les Combes », 2020 © David Foessel

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Festival des cabanes : l’échappé belle

« Quel rapport entretenons-nous avec la nature ? Comment s'y installer ? Quel rapport entretenir avec nos paysages, avec notre environnement ? Comment trouver notre juste place ? » Depuis 2016, le Festival des cabanes questionne la relation entre architecture et paysage en invitant, chaque année, des architectes du monde entier et écoles d'architecture à imaginer 16 cabanes sur le territoire des Sources du lac d'Annecy. En bois, de 6m² d'emprise au sol maximum et sans programme ni fonction véritable, les cabanes permettent, selon David Hamerman, architecte co-fondateur de l’atelier Hamerman Rouby Architectes (Montpellier) et du Festival des cabanes, de « repartir de l’essentiel : l’abri. La cabane présente un aspect primitif en plus d’une dimension onirique liée à l’enfance, l’amour et l’innocence du  "faire". »

À l’occasion du lancement de la 6e édition du festival, AA reproduit ici le texte rédigé par Henri Bava, paysagiste, associé fondateur de l’agence ter, Grand Prix de l’urbanisme 2018, publié dans le hors-série AA Projects consacré au Festival des cabanes paru en Avril 2020.


AA-HS-CABANES-2020L’ expérience de construire une cabane se vit comme un éveil, une découverte d’autonomie. Elle implique le corps tout entier, en commençant par une déambulation active avant, in fine, de créer un « chez soi » symbolique, propice au développement de notre imaginaire.

TRAVERSER

Il est indispensable d’engager un périple pour trouver « sa » cabane, ou, plus exactement, en situation initiale, le lieu dans lequel nous pourrons l’édifier. Ce lieu ne se donne pas d’emblée à voir, il nécessite une quête. Il faut traverser une épaisseur, une forêt, un champ, ou toute autre friche complexe, non balisée, pour atteindre le recoin adéquat, la clairière, mais qui peut aussi être un arbre. Nous associons d’ailleurs facilement les deux, « cabane » et « arbre », en combinant ces deux figures fondamentales de l’architecture et du vivant.

AILLEURS

Plus que par sa structure sommaire, la cabane vaut par sa différence avec le système urbain, et nécessite un degré d’invisibilité protectrice. La cabane nous permet de nous abstraire, temporairement, du quotidien ; après la recherche d’un espace de mise à distance, s’opèrent le travail de récupération in situ de matériaux et l’acte d’édification, pour permettre enfin la jouissance paisible de ce nouveau lieu de destination.

CONSTRUIRE, SE CONSTRUIRE

Faite de branches ramassées, arrachées, de matériaux improvisés, la cabane est une construction physique, qui s’opère seul, ou en accompagnement restreint, afin de  constituer une idée de toit et d’enveloppe, rudimentaires et précaires. Construction mentale, elle correspond à la découverte, ou le désir, de solitude choisie. Ne peuvent être admis dans cette démarche que celles ou ceux qui acceptent de se placer en état de partage et d’intimité sereine.

ERMITAGE DE PROXIMITÉ

Fragile, la cabane n’a pas de velléité de protéger parfaitement des intempéries, elle doit nous envelopper par une sorte de résille, surtout végétale. On n’attend de cet hybride, entre cocon et maison, aucune fonction prédéterminée, sauf celle de faire une pause et de demeurer au calme pour nous installer dans une position de repli, proche de la contemplation.Un ermitage temporaire en quelque sorte, sans prétention, à la portée de tous, qui ne nous demande pas de changer de vie à long terme.

LIEN

Dans la cabane, nous savons que le monde existe toujours, que nous y avons notre place, et ce lien nous permet de nous mettre à distance, sans drame, sans danger réel de rupture. Cette échappée n’est donc pas une fugue : elle est d’ailleurs acceptée avec complicité par tous. La cabane a, de ce fait, peu de détracteurs, tous ont goûté ces moments, et peuvent ainsi se mettre à la place de celle ou de celui qui en découvre l’expérience.

CONTEXTE FONDATEUR

Nous pouvons considérer la cabane comme une construction co-générée par son auteur et sa rencontre avec un contexte : à travers la sensibilité du constructeur, c’est la spécificité du site qui induit une réponse adaptée, une architecture-paysage.

© Festival des Cabanes | Elsa Colin, Lydia Amara, Marc El Samrani, A l'Orée des Bois, Réserve naturelle du Bout du Lac, 2020, Réserve naturelle du Bout du Lac © David Foessel
© Festival des Cabanes | Elsa Colin, Lydia Amara, Marc El Samrani, A l’Orée des Bois, Réserve naturelle du Bout du Lac, 2020, Réserve naturelle du Bout du Lac © David Foessel

Redécouvrez toute l’histoire du Festival des cabanes dans le hors-série dédié, disponible sur notre boutique en ligne.

Rendez-vous sur www.lefestivaldescabanes.com pour préparer votre visite des cabanes de la 6e édition du festival !

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