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Demain, quel monde ?

Sidération. La pandémie et les confinements successifs nous avaient fait croire que nous savions tout du mariage de l’incrédulité et de l’impuissance. Mais la guerre. Alors que L’Architecture d’Aujourd’hui vient de faire paraître un numéro dédié à la jeune génération d’architectes Européens, et qu’elle prépare une publication sur la ville de demain, deux numéros pétris d’espoirs, tant de questions se posent… Faut-il souligner qu’aujourd’hui plus que jamais la souveraineté Européenne prend un sens inédit. À l’heure où les 27 tentent de faire front commun, l’Europe serait-elle enfin un bastion, humanitaire et culturel, plus qu’une simple puissance économique ? Faut-il souligner qu’au sein de cette jeune génération, nous avions choisi, élargissant l’Europe à ses frontière géographiques, une jeune agence russe, qui dès le premier jour des déclarations sanguinaires, a posté sur les réseaux sociaux : NO WAR ! Faut-il souligner qu’alors que nous étudions des stratégies urbaines qui laissent croire en des territoires réconciliés, nous questionnons la portée de ces espérances ? Faut-il préciser que nous avions interrogé quelques candidats à la présidentielle française sur leurs visions urbaines et architecturales sans savoir que l’unique question qui vaille désormais est la suivante : quel monde pour demain ? Quelle force d’opposition ? Quelles négociations, quels ralliements face à la folie de la tabula rasa, la vraie, pas celle qui se contre à coups de réhabilitations ? Quelle place pour l’écologie quand la géopolitique s’en mêle ? La crise ukrainienne a décalé le débat, déstabilisé les candidats, demandant des réponses sans équivoque. Et imposé une autre question encore : quelle voix pour un média spécialisé dont le rôle initial n’est pas de commenter un conflit vertigineux ? Et la guerre. L’Architecture d’Aujourd’hui en a essuyé une, déjà : ses membres s’étaient dispersés, certains en zone libre, d’autres déportés. AA a fêté il n’y a pas si longtemps ses 90 ans. C’est ce que l’espoir permet aujourd’hui : souhaiter que les jeunes ukrainiens fêtent leurs 90 ans en zones libres.

Emmanuelle Borne

Pour donner à « Urgence Ukraine », un fond de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, c’est ici.

 

 

 

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