Collaborations

Premier rendez-vous écrans urbains #2

arc en rêve centre d’architecture propose le cycle de films écrans urbains #2, ville architecture paysage au cinéma en partenariat avec le cinéma Utopia et l’Architecture d’Aujourd’hui, pour explorer les liens entre architecture et cinéma.

La première rencontre de ce second cycle aura lieu le mercredi 3 juillet, avec le film « Touche pas à la femme blanche » de Marco Ferreri (1974). La projection sera suivie d’un débat avec Christophe Catsaros, critique d’art et d’architecture.

Prenant pour décor l’immense chantier des Halles de Paris, le film que Marco Ferreri tourné en 1974 est un pastiche de western, transposant des questions d’aménagement du territoire à partir d’une fable sur les enjeux socio-économiques de la conquête de l’Ouest et l’extermination des Indiens qui en fut le corollaire. La destruction des anciennes halles au centre de Paris à la fin des années 1960 fut un trauma. Impopulaire, ce chantier impliquait le déplacement des halles centrales vers Rungis, près de l’aéroport d’Orly, ainsi que la création d’une gare souterraine permettant au réseau de trains de banlieue de se croiser au coeur de la ville. Rapprochant les banlieues du centre, aucun grand projet n’aura été aussi déterminant pour la géographie sociale de la capitale. Mastroianni, Noiret, Tognazzi, Piccoli (la bande de « La grande bouffe ») sont rejoints par Deneuve et Reggiani dans un film qui oscille entre le pamphlet filmé et la farce d’autodérision. Tourné intégralement dans le gigantesque trou de la future « plus grande gare souterraine d’Europe », « Touche pas à la femme blanche » est une allégorie qui rejoue les principaux vices caractérisant, déjà à cette époque, le grand projet urbain : une vision affairiste du progrès et la substitution de la communication à la consultation et à la démocratie. Le général Custer est appelé à la rescousse pour en finir une fois pour toutes avec les Indiens qui refusent de rester cantonnés dans leurs réserves. Homme d’honneur et d’action, il est confronté à son alter ego burlesque, le showman Buffalo Bill. Tourné dans Paris avec des moyens conséquents, le film affiche le goût de son réalisateur pour l’anachronisme. Les personnages de l’intrigue, paradant à cheval et en costumes d’époque, évoluent dans le Paris des années 1970 où d’autres Indiens (les étudiants de Mai 68) s’opposent à d’autres cow-boys (les technocrates de l’urbanisme).
Texte par Christophe Catsaros

« Touche pas à la femme blanche »
Mercredi 3 juillet
20h00
Cinéma Utopia, 5 place Camille Julian, Bordeaux
Droit d’entrée : 7€

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