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Chine, régénérations

Entre réhabilitation du patrimoine et architectures à vocation écologique et locale, il existe un fragment de la scène architecturale chinoise qui porte un engagement à l’opposé du gigantisme et de l’urbanisation que connaît, partout, le territoire chinois.

C’est cet engagement qu’AA a choisi de présenter pour son numéro de juin 2019. Dans un pays qui devrait atteindre les 70% de citadins en 2030, quelques architectes, Wang Shu et Lu Wenyu en tête, œuvrent à la sauvegarde de villages, où ce qui est réhabilité l’est autant en faveur des populations concernées que dans le respect des matériaux et des dispositifs constructifs locaux.

Wang Shu et Lu Wenyu ont-ils montré la voie ? Les fondateurs d’Amateur Architecture Studio ne sont en tout cas pas les seuls architectes de leur génération, et de la suivante, à avoir choisi, dans ce pays comptant 1,39 milliard d’habitants en 2018, un engagement à l’opposé du phénomène d’urbanisation que connaît la République populaire de Chine depuis les années 1980, qui compte 59,58% de citadins aujourd’hui, et devrait atteindre les 70% en 2030 (selon Le Quotidien du Peuple, l’organe de presse officiel du Comité central du Parti communiste chinois). Cet engagement consiste notamment dans la sauvegarde de villages ruraux, où trop souvent la préservation du patrimoine s’apparente à la construction de grossiers pastiches. 

Liu Jiakun, Zhang Lei, Urbanus, Standardarchitecture, mais aussi, pour les plus jeunes, O-office ou DnA, entre autres, réalisent partout sur le territoire des projets où ce qui est réhabilité l’est autant en faveur des populations concernées que dans le respect des matériaux et des dispositifs constructifs locaux. Marginal au regard du gigantisme atteint par les réalisations d’agences telle MAD, qui frôlent les 700 000 m², cet engagement n’en est pas moins exemplaire, ne serait‑ce que parce qu’il ne se contente ni de transposer le modèle occidental, ni de remettre sur pied un patrimoine fantasmé, mais s’attache plutôt à restaurer « l’âme du lieu ». Certes, le combat du professeur et historien Ruan Yisan rappelle par bien des aspects l’idéal français, mais la méthode ne s’applique que pour mieux préserver les villes chinoises, dont par endroits 99% du patrimoine bâti a disparu. De Vector à Atelier FCJZ ou TAO, ces architectes « indépendants », comme il est d’usage de les qualifier, s’attachent donc aux « génies » des lieux. Et s’ils le font dans le cadre d’une politique nationale qui voit dans le patrimoine rural une manne touristique, ils le font avec conviction, talent et dans le respect d’une culture. 

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