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Chicago Architecture Biennial #1

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Chicago est sans aucun doute LA ville de l’architecture moderne. Louis Sullivan, les premiers gratte-ciel, Frank Lloyd Wright, Mies van der Rohe, l’entreprise SOM : cette ville s’est érigée en modèle du XXème siècle. Mais qu’en est-il du XXIème ? Chicago est-elle toujours ville de l’architecture ou des nostalgiques du modernisme ?

Cette question n’est pas posée par la première édition de la Biennale d’architecture de Chicago, et peut-être est-il injuste de lui en faire le reproche. Elle a préféré pour thème le plutôt creux The State of the Art of Architecture. Faut-il comprendre que l’architecture y est abordée comme discipline à la pointe de son champ d’action ? Ou qu’elle est traitée comme art à part entière ? Ou les deux à la fois ? Ou ni l’un ni l’autre ?

La Biennale parcourt tous les continents, mettant l’accent sur des agences (plutôt) jeunes, excluant délibérément les « starchitectes » surmédiatisés au profit de projets engagés et de démarches avant-gardistes. Elle expose dessins visionnaires et installations artistiques, photographies ou monolithes érigés à l’aide de la robotique et, dans l’ensemble, le résultat est à la fois enchanteur et provocateur. Si un propos s’en dégage, c’est le suivant : le logement n’est pas un luxe mais un droit fondamental et les architectes doivent s’engager à participer à l’effort de logement des plus démunis pour conserver un rôle dans la société. Un propos bienvenu mais rien dans cette Biennale ne montre que les architectes jouent à ce titre un rôle déterminant.
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C’est justement à cet égard que la Theaster Gates’ Rebuild Foundation, située à quelques kilomètres de l’exposition principale, dans les difficiles quartiers sud de Chicago, est aussi impressionnante. Elle est installée dans la Stony Island Art Bank, un bâtiment néo-classique réhabilité qui a été inauguré dans le cadre de la Biennale et qui est le seul survivant de ce qui fut autrefois la rue principale d’un quartier désormais à l’abandon. L’artiste Theaster Gates a transformé ce bâtiment en centre artistique, culturel et social, injectant ainsi dans le monde réel l’argent qui circule dans le monde de l’art. Il y a, au-delà de la manifestation principale, encore d’autres choses. Par exemple, ce pavillon par Ultramodernem, sorte de station service miesienne en bois, est le premier d’une série qui sera érigée dans le Millennium Park, comptant entre autres une étrange tour par Pezo von Ellrichshausen. Ou l’architecture médiatisée via des cafés et autres collations. Une importante rétrospective du travail de David Adjaye et une petite exposition de dessins signés James Wines participant à enrichir la Biennale à la marge. Chicago semble prendre à nouveau l’architecture à cœur. Mais peut-elle avoir un impact au-delà des parcs et des espaces artistiques ? Peut-être.

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Edwin Heathcote

Photos de haut en bas :
House is a House is a House is a House, Johnston Marklee, 2015.
The School of the Art Institute of Chicago’s Department of Architecture, Interior Architecture and Designed Objects and NLÉ Kiosk in Millennium Park.
BP Prize Winning Kiosk: Chicago Horizon by Yasmin Vobis, Aaron Forrest and Brett Schneider of Ultramoderne.

Crédit photographique :
Photo by Tom Harris, copyright Hedrich Blessing, courtesy of the Chicago Architecture Biennial.

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