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Archi en aparté : l’agence finlandaise JKMM

À la manière d’un court questionnaire de Proust, AA interroge les architectes sur leur métier, leurs projets, leur vision de l’avenir. Aujourd’hui, rencontre avec l’agence finlandaise JKMM basée à Helsinki, fondée en 1998 par les architectes Juha Mäki-Jyllilä, Teemu Kurkela, Asmo Jaaksi et Samuli Miettinen (qui a choisi de nous répondre en musique). L’agence exerce également son influence dans les domaines de l’architecture d’intérieur et du design de mobilier. Au cours de ces dernières années, JKMM a remporté 91 prix de design, dont 49 premiers prix, en défendant toujours la simplicité, l’artisanat et l’expérimentation.

© JKMM
© JKMM

AA : Être architecte c’est…

Juha Mäki-Jyllilä : Construire un monde meilleur dans lequel vivre, transformer les choses complexes en choses simples.
Teemu Kurkela : Je vois les architectes comme les designers des nouvelles améliorations de nos infrastructures.

Samuli Miettinen : Rock Around The Cock (Association PC).
Asmo Jaaksi :
Des journées épuisantes et des nuits sans sommeil, mais pour une bonne raison.

AA : Quels sont, selon vous, les nouveaux enjeux de la profession ?

Juha Mäki-Jyllilä : Les possibilités de la robotique et les technologies d’impression 3D dans l’industrie de la construction. Mais nous devons toujours garder en tête les principes fondamentaux de l’architecture.
Teemu Kurkela : Nous sommes en train d’affronter de gros challenges comme l’urbanisation rapide et le vieillissement de la population. Afin de créer de meilleures villes et un meilleur mode de vie, nous devons construire nos futures infrastructures dès maintenant.
Samuli Miettinen : 
Won’t Get Fooled Again (The Who).
Asmo Jaaksi :
L’architecture devra renforcer les racines de chacun dans un monde qui ne cesse de se globaliser.

© TuomasUusheimo
© Tuomas Uusheimo

AA : Ma commande parfaite serait…

Juha Mäki-Jyllilä : Simple et élégante.
Teemu Kurkela : Respecter des solutions simples et intelligentes. Les bonnes solutions doivent être pratiques, mais elles doivent également être simple.

Samuli Miettinen : House Of The Rising Sun (Animals).
Asmo Jaaksi :
Zéro emmerdeur pendant le projet.

AA : Mon métier dans 20 ans…

Teemu Kurkela : Je pense que la manière dont nous travaillons est en train de changer à tous les niveaux. Les vieilles règles de conception ont changé, et les nouvelles n’existent pas. Mais c’est bien de repartir plus ou moins de zéro.
Samuli Miettinen : 
Stairway To Heaven (Led Zeppelin) or Highway To Hell (AC/DC).
Asmo Jaaksi : Essayer de rester en mouvement. Plus vous gagnez en expérience, plus vous avez besoin de nouveauté.

© Mika Huisman
© Mika Huisman

AA : Le conseil que je donnerai à un jeune architecte…

Juha Mäki-Jyllilä : Ne dessinez rien d’inutile.
Teemu Kurkela : Ayez confiance dans le fait que le bâtiment se dessine lui-même, et ce tout au long du processus de conception. Rappelez-vous qu’il vaut mieux donner une pièce sans usage prédéfini, que d’essayer tant bien que mal de forcer vos idées à se fixer sur un projet. Essayez de développer de nouvelles règles et de nouvelles théories.
Samuli Miettinen : Carry On Wayward Son (Kansas) and Imagine (John Lennon).
Asmo Jaaksi :
Soyez doux dans votre dureté.

AA : Ce que j’aimerai transmettre à mes coéquipiers…

Juha Mäki-Jyllilä : Une grande ambition dans une atmosphère relaxante.
Teemu Kurkela : L’architecture peut être utilisée comme un outil pour provoquer des changements. C’est l’une des manières les plus efficaces de transformer nos lieux de travail et les environnements dans lesquels nous vivons. Il est intelligent d’utiliser l’architecture pour faire le bien, mais beaucoup de projets ont beaucoup moins d’ambition…

Samuli Miettinen : 
Dream On (Aerosmith).
Asmo Jaaksi : Gardez la foi.

AA : L’architecte émergent à suivre…

Juha Mäki-Jyllilä : Il y en a beaucoup. Un jeune groupe finlandais qui s’appelle AOR.
Teemu Kurkela : Il a y beaucoup de très bonnes jeunes agences en Finlande en ce moment.
Samuli Miettinen : 
Richard Buckminster Fuller (1895-1983).
Asmo Jaaksi : De jeunes agences finlandaises comme AOR et OPUS.

© Hans Koistinen
© Hans Koistinen

AA : Le projet que j’aurai absolument voulu réaliser…

Juha Mäki-Jyllilä : La Chapelle de Ronchamp de Le Corbusier.
Teemu Kurkela : C’est comme s’il y avait une grande famille de héros et de projets iconiques dans ma tête que je continue à examiner et à apprécier. 
Le centre des congrès Dipoli de Reima Pietilä et Raili Pietilä à Espoo (Finlande) est l’un d’entre eux.
Samuli Miettinen : 
Hotel California (Eagles).
Asmo Jaaksi : Le Panthéon (Rome).

AA : L’autre métier que j’aurai voulu pratiquer…

Juha Mäki-Jyllilä : Charpentier.
Teemu Kurkela : J’ai commencé à nourir l’idée de devenir architecte depuis l’âge de 10 ans environ, et les gratte-ciels ont commencé à apparaître sur mes dessins dans le coin de mes cahiers. Au moment de mes 16 ans, j’ai décidé de m’inscrire à la « art high school » en pensant que je pourrais devenir architecte. Mais est-ce vraiment sain lorsque l’architecture devient une passion primitive au lieu d’être un simple métier ?
Samuli Miettinen : Mr. Sandman (The Chordettes).
Asmo Jaaksi :
Être architecte dans les années 1930.

© Tuomas Uusheimo
© Tuomas Uusheimo

AA : Un lieu qui m’inspire…

Juha Mäki-Jyllilä : La Laponie en hiver.
Teemu Kurkela : J’ai visité la basilique Sainte-Sophie (Istanbul, Turquie) au printemps et, au petit matin, la lumière est entrée dans le vaste espace intérieur. J’étais vraiment impressioné.

Samuli Miettinen : L’Afrique.
Asmo Jaaksi : L’horizon.

AA : Un livre, un objet, un oeuvre d’art que j’aime particulièrement…

Juha Mäki-Jyllilä : Crime et Châtiment de Dostoïevski, l’escalier en ellipse dans le bâtiment de General Motors de Eero Saarinen, The Comb of the Wind, série de sculptures le long du bord de mer à Saint Sébastien (Espagne) par Eduardo Chillida.
Teemu Kurkela : J’ai toujours aimé Mies van der Rohe. J’aime retourner aux Jardins Zen à Kyoto.

Samuli Miettinen : 
Bridge Over Troubled Water (Simon and Garfunkel).
Asmo Jaaksi : Des serviettes en lin vieilles de 75 ans que ma grand-mère a tissé à l’usine, et que ma mère a cousu et brodé étant enfant, que nous utilisons tous les jours dans ma famille – un vrai travail de patience.

Pour plus d’informations sur JKMM, cliquez ici.

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