Alejandro Aravena ©LafargeHolcim Foundation

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La Next Generation selon Alejandro Aravena

Depuis 2005, le concours LafargeHolcim Awards for Sustainable Construction organisé par LafargeHolcim Foundation récompense des projets architecturaux internationaux innovants et surtout, répondant à des critères stricts en matière de construction durable. Tous les deux ans, ce sont plus de 5 000 candidatures qui sont étudiées, pour les six catégories, par un jury d’experts renommés.

Depuis la deuxième édition en 2008-2009, pour chacune des catégories régionales, les LafargeHolcim Awards mettent également à l’honneur des projets visionnaires, comprenant également les travaux de recherches, d’une jeune génération d’architectes et concepteurs de moins de 30 ans. C’est cette catégorie « Next Generation » que la fondation, associée à L’Architecture d’Aujourd’hui, a souhaité célébrer dans un hors-série AA consacré aux lauréats de cette 6e édition 2020-2021.

Les lauréats ont été annoncés tout le long de la semaine, du 14 au 18 juin 2021 [retrouvez ici toutes les vidéos de ces annonces]. En préambule de la publication à venir, et en conclusion de cette semaine de remise de prix, AA republie ici les mots de l’architecte chilien Alejandro Aravena, sur l’importance des concours et la nécessité de laisser la jeune génération de concepteurs prendre part au débat.

 

 

Les prix ont un double objectif. Le premier – le plus évident – est de saluer l’excellence. Quelle que soit la discipline, produire un travail de qualité devrait toujours être un motif de réjouissance, puisque nous sommes tous gagnants quand quelqu’un fait bien son travail. Le second objectif est de rappeler le rôle de l’excellence : c’est un exemple à suivre.

Tout travail créatif demande de puiser dans ses ressources personnelles tout en se nourrissant d’une masse critique qui nous entoure. Les prix en disent souvent long sur ce que la société attend de certains acteurs. Une première évolution serait de ne plus se demander qui récompenser, mais pourquoi. Il est évident qu’il y a une dimension personnelle dans tout travail créatif. Même si les solutions apportées aux grands défis sont le fruit d’un effort collectif, le talent, l’ingéniosité, l’imagination, l’effort et la persévérance d’un individu se révèlent souvent déterminants. Ce travail doit néanmoins servir à la communauté dans son ensemble. Plus les jurys se demanderont pourquoi. récompenser telle ou telle personne, et non qui , plus la société tout entière tirera parti de l’effort de cette personne.

Il est primordial d’apprendre à la prochaine génération d’architectes et de designers à prêter attention aux problèmes et aux enjeux qui comptent pour une majorité de personnes, ainsi qu’aux questions et aux défis susceptibles d’améliorer le bien-être collectif.

Normalement, au cours de leur formation, les jeunes étudiants acquièrent les connaissances relatives à une discipline, avec la terminologie et les différents enjeux propres à celle-ci. Mais suivre un enseignement aussi spécifique peut leur faire perdre de vue les intérêts de la société. En premier lieu, il faut donc familiariser les architectes et les designers avec le langage propre à ces domaines plus larges que sont l’économie, la politique, l’environnement ou les forces sociales, afin qu’ils puissent écouter et comprendre.

Seulement alors, ils pourront prendre part au débat en employant les connaissances (et le langage) propres à la profession à laquelle ils ont été formés, l’architecture. Il faut ainsi trouver un équilibre entre devenir un expert dans son domaine et rester un citoyen informé.

La plus grande force de cette nouvelle génération, c’est peut-être sa capacité à maîtriser des disciplines qui peuvent se chevaucher. L’architecture dispose par nature d’un outil très puissant : le projet, qui est synthétique et consiste à formuler une proposition à partir de différents éléments. Ce sont deux aspects essentiels pour aborder ces sujets complexes, aux frontières poreuses et qui se trouvent à la croisée de plusieurs disciplines. Faire preuve d’intuition, qui est la capacité à progresser en se basant sur des certitudes partielles, sera primordial pour réussir ce travail de synthèse et proposer des solutions inédites. Les jeunes générations pourraient bien exceller dans ces domaines non cloisonnés.

Alejandro Aravena | Architecte, agence ELEMENTAL, Santiago, Chili | Membre du comité de direction, LafargeHolcim Foundation


Pour découvrir l’intégralité du hors-série rendez vous sur notre boutique en ligne.

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