© Léonce Barbezieux po A.D l’Architecture du Désir
© Léonce Barbezieux po A.D l’Architecture du Désir

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Archi en aparté : Guillaume Ramillien

© Léonce Barbezieux
© Léonce Barbezieux


À la manière d’un court questionnaire de Proust, AA interroge les architectes sur leur métier, leurs projets, leur vision de l’avenir. Rencontre avec Guillaume Ramillien.

Être architecte c’est…
Mettre le plus intelligemment possible à profit matériaux et énergies disponibles pour qualifier la relation des hommes à leur environnement dans un lieu particulier – ici et maintenant -. C’est plus que jamais une immense responsabilité ; un acte à la fois éminemment culturel et écologique.
Quels sont pour vous les nouveaux enjeux de la profession ?
A l’ère d’un anthropocène en crise majeure avec son écosystème terrestre, et face aux ignobles conséquences sociales et environnementales de cette rupture, il s’agit d’être un acteur engagé de leur réconciliation en remettant la question des ressources – humaines et matérielles – au cœur de notre discipline. C’est-à-dire avant tout de contribuer à l’émergence de filières et de savoir-faire nouveaux à partir des matériaux biosourcés et au faible impact carbone. Le bois, la terre et la pierre pour n’en citer que quelque uns.

Ma commande idéale…
Toute commande dans laquelle tous les acteurs – maître d’ouvrage, ingénieurs, architectes, entreprises, futurs usagers, etc., sont engagés avec le même désir, la même énergie, et la même probité pour relever nos défis collectifs !

Mon métier dans 20 ans
Plus que jamais nécessaire, sur une planète dans laquelle nous aurons collectivement repris pieds.

Le conseil que je donnerais à un jeune architecte
Apprendre le courage et l’abnégation.

© Guillaume Ramillien Architecture SARL
© Guillaume Ramillien Architecture SARL

Ce que je souhaite transmettre à mes collaborateurs
Ces mêmes valeurs, et l’exigence qui leur est associée. Notre discipline n’a de sens que par son engagement pour le commun.

L’architecte émergent qu’il faut suivre
Ils sont trop nombreux pour prendre le risque de vouloir n’en citer qu’un ! L’architecture en France depuis une dizaine d’années a beaucoup regagné en exigence et en intérêt.

Le projet que j’aurais aimé signer
Je ne signerais certainement pas l’œuvre d’un.e autre… Mais je rêverais d’avoir le talent de Peter Zumthor pour saisir atmosphère, âme et lumière d’un lieu.

L’autre profession que j’aurais aimé exercer
Peintre ou écrivain… Mais je suis fier d’être architecte pour ce que nos histoires peuvent se manifester dans le quotidien. Ebéniste, orfèvre… l’artisanat d’art en général m’aurait également beaucoup plu.

Un lieu qui m’inspire
Mon atelier ; c’est le lieu de beaucoup de mes efforts et de mes engagements. Travail acharné et rêverie inspiratrice s’y mêlent pour former un monde.
Et le chantier bien sûr. Comme lieu de manifestation et de rencontre.

Un livre, un objet, une œuvre que j’aime particulièrement
Il y en a tant ! En ce moment je suis absorbé par l’œuvre de l’écrivain voyageur Sylvain Tesson, Dans les forêts de Sibérie.

 

Photo de l'atelier © Guillaume Ramillien Architecture SARL
Photo de l’atelier © Guillaume Ramillien Architecture SARL

 

Pôle éducatif du Val de Scarpe, Arras (59), Ville d’Arras, avec Boris Bouchet Architectes. © Pascal Amoyel
Pôle éducatif du Val de Scarpe, Arras (59), Ville d’Arras, avec Boris Bouchet Architectes. ©
Pascal Amoyel

 

Centre socioculturel Christian Marin, Limeil Brévannes, Val-de-Marne © Pascal Amoyel
Centre socioculturel Christian Marin, Limeil Brévannes, Val-de-Marne © Pascal Amoyel
Eco-cité La Garenne, Fourchambault, Nièvre. © Pascal Amoyel
Eco-cité La Garenne, Fourchambault, Nièvre. © Pascal Amoyel

Une dernière question, inévitable avec la situation actuelle : Architecture et confinement sont-ils antinomiques ?
Comme tout un chacun, face à la crise, nous avons dû et su les rendre très provisoirement compatibles… Mais son rôle et ses ambitions en sont bien sûr à l’opposé. L’Architecture est, comme la culture et la société, affaire de mise en relation, de partage, d’équilibre, d’épanouissement collectif et de générosité. L’épreuve que nous venons de traverser doit nous permettre de le rappeler et, comme nous y invite Bruno Latour, de défendre notre discipline comme la manifestation de ces valeurs fondatrices.

©Julien Quinet Guillaume Ramilien a organisé pendant le confinement un atelier dessin avec ses élèves de l'ENSA-V. Ils vont faire l'objet d'une exposition - l'atelier confiné - à la Galerie d'Architecture de Paris du 26 juin au 17 juillet 2020.
©Julien Quinet
Guillaume Ramillien a organisé pendant le confinement un atelier dessin avec ses élèves de l’ENSA-V.
Ils vont faire l’objet d’une exposition – l’atelier confiné – à la Galerie d’Architecture de Paris du 26 juin au 17 juillet 2020.

 

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