© L'Architecture-d'Aujourd'hui
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Inclassable

La couv’ d’AA : N°165, décembre 1972

Cet article de Jean-Philippe Hugron est extrait du N°428 de L’Architecture d’Aujourd’hui – Commandes privées, vocations publiques –  paru en décembre 2018. 

Voilà un 165e numéro qui pose toujours de nombreuses questions, presque cinquante ans après sa parution. Sa couverture particulièrement graphique, toute noire et blanche, illustre la tour Olivetti située dans une zone d’activités à proximité de Francfort, en Allemagne. L’édifice signé Egon Eiermann exhibe aujourd’hui encore les mêmes attributs spectaculaires… mais jusqu’à quand ? La place financière allemande s’encombre en effet très peu de ces tours d’un autre âge. Les bulldozers croquent et grignotent volontiers les plus beaux exemples d’une architecture tertiaire sans éveiller le moindre émoi ; conçue par Wilhelm Simon, la tour de la Deutsche Bank, Große Gallusstraße 10, bien qu’obsolète, aurait pu, avec quelques ingénieux travaux, trouver une nouvelle jeunesse dans le respect de ses sombres et élégantes façades. La pression foncière, le goût de l’innovation, mais surtout la tyrannie de l’image en ont décidé autrement pour dicter des projets que seule la démolition pouvait, dit-on, rendre possibles. La ville tertiaire est donc une ville sans strates que l’on habille puis déshabille. C’est une ville du prêt-à-porter où l’architecture s’y consomme pour être, une fois dévalorisée, lamentablement jetée. À l’heure même où la morale environnementale réclame le réemploi, cette attitude peu vertueuse condamne aussi à l’amnésie collective. Ce numéro réveille ainsi au souvenir des édifices détruits – les bureaux imaginés par Laurens Bisscheroux à Heerlen (Pays-Bas) – et d’autres, protégés (alléluia), comme le siège social d’IBM à Cosham (Royaume-Uni) où Foster Associates préfigure avec un bon quarante ans d’avance… le Louvre‑Lens. Bref, autant de réalisations pour réhabiliter l’architecture tertiaire.

Retrouvez l’intégralité du numéro 428 sur notre boutique en ligne.

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