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Sarajevo, for ever

© Jean-Philippe Hugron
© Jean-Philippe Hugron

Sarajevo est fière de présenter aux yeux du monde l’achèvement de sa politique de reconstruction. S’il reste encore des traces visibles du siège dont fut victime la ville durant la guerre, la plupart des infrastructures et des équipements ont été reconstruits et modernisés en partie grâce à la France, par l’intermédiaire du Groupe Suez qui fut engagé auprès de la municipalité en tant que maîtrise d’ouvrage déléguée. Ivo Komšić, maire de la ville depuis 2013, revient pour L’Architecture d’Aujourd’hui sur une longue et difficile reconstruction mais aussi sur la mise en valeur d’un patrimoine oublié. 

Comment la ville de Sarajevo a-t-elle engagé les travaux de reconstruction ? Quelles ont été les priorités ?

Ivo Komšić : Il n’y avait, après guerre, que très peu d’édifices disposant de vitres. C’était là notre première priorité. Il nous a fallu ensuite, selon un ordre logique, refaire de très nombreuses toitures et enfin travailler à la reconstruction des infrastructures, notamment des conduites de gaz. J’insiste sur ce point particulier car il y eut, après la fin du conflit, de nombreux accidents meurtriers ; en remettant en fonctionnement des dispositifs défectueux, bien des appartements ont été victimes d’explosions. Toutes les conduites ont donc dû être rénovées. Nous nous sommes ensuite attelés à la fourniture en électricité.

Des sites ont-ils été privilégiés durant l’effort de reconstruction ?

Ivo Komšić : Nous avons traité immeuble par immeuble puis nous avons travaillé à la reconstruction des établissements publics. Il y eut la présidence de Bosnie, le Parlement, les bâtiments du gouvernement, les tribunaux, les universités…

La reconstruction a-t-elle impliquée d’importantes démolitions ?

Ivo Komšić : Les bâtiments anciens ont été restaurés et refaits à l’identique. Les constructions modernes et plus récentes ont été, quant à elles, restructurées et rénovées ; elles se montrent désormais de meilleure qualité qu’elles ne pouvaient l’être autrefois.

Celui qui a connu la ville avant-guerre retrouve-t-il le même paysage urbain ?

Ivo Komšić : Absolument. C’est la même ville. En revanche, celui qui a connu Sarajevo pendant la guerre peut voir la différence.

© Jean-Philippe Hugron
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La politique de protection du patrimoine vise-t-elle également les constructions socialistes de l’ancienne Yougoslavie ?

Ivo Komšić : Cette politique cible principalement les bâtiments de l’époque ottomane mais aussi de l’époque austro-hongroise. Quelques bâtiments publics de la période socialiste font l’objet d’une protection. La Faculté des Sciences en est sûrement le meilleur symbole. Elle va fêter son cinquantième anniversaire. Je peux également citer le cas de la Salle Zetra des architectes Lidumil Alikalfić et Dušan Đapa, construite pour les Jeux Olympiques d’hiver de 1984. Elle servit de morgue pendant la guerre mais aussi de zone de stockage. Elle fut particulièrement endommagée mais nous l’avons reconstruite à l’identique.

Qu’en est-il des autres installations olympiques ?

Ivo Komšić : Pour le moment ni le départ de saut à ski ni la piste de bobsleigh ne sont promis à une rénovation prochaine.

Le patrimoine moderne de l’époque socialiste – notamment les grands ensembles de logements – est-il rejeté par la population ?

Ivo Komšić : Pratiquement toute la partie dite du « nouveau Sarajevo » a été construite sous le socialisme. Ce sont des constructions de qualité offrant une bonne infrastructure. En plus d’espaces verts, ces ensembles proposent des équipements publics. En ce sens, ces quartiers ne sont pas dépréciés.

Images et texte de Jean-Philippe Hugron

© Jean-Philippe Hugron
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