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Peris+Toral s’adapte à la crise avec le projet d’Espace vert de Badalona

Espace vert de Badalona © peris+toral.arquitectes
Espace public, Badalona, 2017, peris+toral.arquitectes © José Hevia

Fondée à Barcelone en 2005 par Marta Peris et José Manuel Toral, l’agence peris+toral.arquitectes a été notamment préselectionnée pour les Mies van der Rohe Awards 2017, et leurs projets ont été exposés dans le Pavillon espagnol (qui a reçu le Lion d’Or) à la Biennale d’Architecture de Venise de 2016. L’année dernière, leur pavillon éphémère, un point d’information à Barcelone, était publié dans le numéro 413 d’AA consacré à la Ville Temporaire. Leur dernier projet en date concerne la revalorisation d’un espace public à Badalona, en périphérie de Barcelone, à l’aide d’un jeu de dunes et de cavités intégrant jeux pour enfants et espaces de rencontres pour adultes. L’occasion de s’entretenir avec les deux architectes catalans au sujet de cette dernière réalisation et, dans un pays encore largement impacté par la crise économique – sujet traité dans le dossier du numéro 419 paru le 30 juin –, leur situation en tant qu’architectes en Espagne.

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Espace public, Badalona, 2017, peris+toral.arquitectes © José Hevia

Comment le projet d’espace public à Badalona est-il né ?

L’espace vert de Badalona est un petit terre-plein bordé par trois rues. L’espace était occupé par un marché temporaire pendant dix ans en attendant la construction d’un marché de remplacement ; lorsque ce dernier a ouvert, l’ancien a été abandonné ce qui a poussé le Service des Projets du Conseil de Badalona à nous demander de proposer un nouvel espace piéton sur la place. Nous étions contraints par un budget serré de 95.5 €/m2 ! Nous avons décidé de faire une aire de jeu pour enfants, en lien avec les écoles primaires et maternelles à proximité, mais aussi un espace intergénérationnel, brisant les limites entre enfants et adultes.

Espace vert de Badalona © peris+toral.arquitectes
Espace public, Badalona, 2017, peris+toral.arquitectes © José Hevia

Quel concept architectural avez-vous développé au sein de ce projet urbain ?

À Barcelone, les aires de jeu pour enfants sont habituellement bordées de clôtures. Nous voulions les éliminer à l’aide d’un geste architectural simple : nous avons modifié la topographie du site, avec deux dunes faces aux rues Carrer de Verdi et Avinguda de Mònaco, où la circulation est intense et qui disposent de zones de stationnement, de manière à éliminer les voitures du champ de vision des enfants. De cette façon, les piétons qui déambulent sur le terre-plein central se sentent protégés de la circulation proche. Pour l’espace des enfants, nous avons créé un creux, un endroit à la fois libre et en sécurité. C’est la différence de nivellement qui crée une limite physique. Les enfants peuvent ainsi être facilement surveillés par leurs parents. Du côté de l’Avinguda d’Itàlia, la circulation automobile est moins intense, un alignement d’arbres est donc suffisant pour séparer les piétons des voitures. Enfin, les dunes artificielles sont agrémentées de pelouses, de plantes grimpantes et d’arbustes. Le terre-plein est planté avec des arbres, créant une masse végétale qui renforce la continuité avec les axes verts reliant la rivière Besòs au Parc de Montigalà.

© peris+toral.arquitectes
Espace public, Badalona, 2017, peris+toral.arquitectes © José Hevia

Comment se traduit aujourd’hui la crise économique sur votre pratique professionnelle ?

Notre agence travaille principalement sur des projets de logements sociaux et d’espaces publics, et la crise nous a nettement marqués : nous avons remporté de nombreux concours sans qu’il existe de financements pour leur construction, à cause d’importantes restrictions budgétaires. Mais, d’une certaine façon, nous voyons la crise comme une opportunité de changer les idées que les clients se font de l’architecture, puisque les budgets plus limités nous permettent d’essayer de nouvelles choses avec moins de pression. Si vous regardez, par exemple, le projet de place de Badalona, il aurait été impossible à réaliser sans la crise. Du fait du budget serré, le Conseil nous a demandé de trouver une solution architecturale. Nous les avons donc convaincu qu’il était plus économe de ne pas utiliser de clôtures, mais de changer légèrement la topographie du site, et de ne pas utiliser le granite habituel mais plutôt du béton pour le terre-plein, ce qui, au final, a donné un terrain de jeu atypique. Nous pensons donc que la crise était « libératrice », avec plus d’opportunités de réinventer chaque projet, même si il y a eu moins de projets sur lesquels travailler. Heureusement, aujourd’hui, il y a plus de concours disponibles et nous commençons à construire davantage. Il semblerait que la crise touche à sa fin, pour notre agence en tout cas.

 

33 logements sociaux à Melilla, 2015, peris+toral.arquitectes © Fernándo Alda
33 logements sociaux, Melilla, 2015, peris+toral.arquitectes © Fernándo Alda

 

Point d’information, Barcelone, 2015 , peri+toral.arquitectes © José Hevia

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