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« Libero », Ai Weiwei lanceur d’alerte

Que ce soit au Mercato Centrale avec sa série Study of Perspective (1995-2010), à la Uffizi Gallery avec la sculpture Surveillance Camera (2010), ou au Palazzo Strozzi avec les canots de sauvetage recouvrant la façade du bâtiment pour l’installation Reframe (2016), l’œuvre engagée d’Ai Weiwei continue d’interpeller les florentins et les visiteurs de la capitale Toscane. Pour les plus curieux, ils ont jusqu’au 22 janvier 2017 pour découvrir la première rétrospective italienne consacrée à l’artiste, « Libero », qui a investi le Palazzo Strozzi. 

Ai Weiwei, Sichuanat the Palazzo Strozzi, 2016
©Alessandro Moggi

Le visiteur est accueilli au premier étage du palais par l’installation Forever, Bicycles (2003). Composée de 950 bicyclettes dépourvues de selles et guidons, cette métaphore du carcan qui étouffe la société chinoise est l’une des pièces les plus emblématiques de l’œuvre de l’artiste.

Ai Weiwei, Vases at the Palazzo Strozzi, 2016
©Alessandro Moggi

Partout au sein du palais, la scénographie de « Libero » renforce le propos de l’artiste. Ainsi, espaces immaculés et lumière blanche accentuent par endroits les couleurs vives des pièces exposées, notamment les vases de la dynastie Han recouverts de peinture d’automobile de la série Han Dynasty Vases (2014), qui dénoncent la perte du savoir-faire artisanal face à l’impact de l’industrialisation. Ailleurs, un papier peint au motif dessiné par Ai Weiwei met en tension des œuvres délicates de Grappe (2015) ou les sculptures suspendues en bambou et soie de Feiyu (2015) de part la similitude formelle des œuvres au fond de la pièce.

Ai Weiwei, Woodat thePalazzo Strozzi, 2016
©Alessandro Moggi

Mais c’est en descendant dans le sous-sol du Palazzo Strozzi que se dévoile l’essence de l’œuvre d’Ai Weiwei. Dans cet espace plongé dans la pénombre, l’artiste a choisi de s’exprimer au travers de deux formats : la vidéo qui raconte la pression qu’a subi l’artiste en Chine et la photographie (images issues de son compte instagram) qui illustre son incessant combat pour la liberté d’expression. Une accumulation qui illustre comment il a su faire des réseaux sociaux une arme contre la censure.

Ai Weiwei, Renaissanceat thePalazzo Strozzi, 2016
©Alessandro Moggi

Au total, ce sont plus de 60 œuvres qui composent l’exposition « Libero ». Installations, sculptures, photographies et vidéos. Depuis les années 1980, Ai Weiwei a exploré tous les modes d’expression possible pour défendre toutes les libertés, dénoncer la corruption sévissant jusqu’aux plus hauts sommets du gouvernement ou encore attirer l’attention sur la situation des migrants en Méditerranée. Comme le dit l’artiste : « Pour moi, être politique signifie impacter le plus grand nombre de personnes en agissant sur leurs conditions de vie – physiques et mentales, pour essayer de changer la situation. »

Ana Rodríguez

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