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Le Confort Moderne à Poitiers : place au chantier !

Depuis 1985, Le Confort Moderne, ancienne fonderie du XIXe siècle devenue entrepôt de matériel électroménager dans le sud-est de Poitiers, était une friche artistique dédiée aux musiques actuelles et à l’art contemporain. En 2015, la Ville de Poitiers décide de restructurer le site : elle confie le projet à l’architecte Nicole Concordet, proche de Patrick Bouchain et fervente partisane du chantier « ouvert », qu’elle a en l’occurrence mené pendant seize mois, jusqu’à la livraison de l’ensemble de 4 076 m2 en décembre 2017. AA s’est entretenue avec l’architecte, dans le numéro 423,  sur les enjeux d’un tel projet.

Axonometrie © Nicole Concordet
Axonometrie © Nicole Concordet

L’Architecture d’Aujourd’hui : Après avoir cofondé l’agence Construire en 1998 avec Patrick Bouchain et Loïc Julienne, vous êtes aujourd’hui à la tête de votre propre structure, l’agence Nicole Concordet, créée à Bordeaux en 2008, où vous vous attachez essentiellement à la réhabilitation de lieux industriels en lieux culturels via des chantiers ouverts au public. Pourquoi cette prédilection ? 

Nicole Concordet : Je m’engage sur des projets pour lesquels je pense pouvoir convaincre le maître d’ouvrage de faire autrement afin d’expérimenter et de perturber les idées reçues. J’aime particulièrement les réhabilitations parce que l’existant force notre regard et nous éduque. Le « déjà-là » est une source d’inspiration et, lorsque le lieu est occupé, je travaille avec les habitants pour lui donner une nouvelle vie. Pour moi, c’est le chantier et la vie qui en émane qui rendent chaque projet unique.

© Cendrine Lassalle
© Cendrine Lassalle

AA : Quels étaient les enjeux du projet et du chantier de restructuration du Confort Moderne ?

NC : Le programme a été monté dans le cadre d’un dialogue compétitif : la maîtrise d’usage a rédigé un projet programmatique à partir duquel nous devions proposer des solutions architecturales. Il y eut trois phases de rendu qui firent évoluer le programme. Au fur et à mesure de la conception, il est apparu, par exemple, que les cours techniques de livraison pouvaient aussi servir à des interventions non programmées, comme des espaces de liberté en plus. Au final, le programme regroupe deux salles de concert (800 et 250 places), deux espaces d’exposition (1 000 m2 et 200 m2), un restaurant (80 couverts), un bar de nuit, une fanzinothèque, deux studios de répétition, un studio de création en plus de 10 chambres et deux studios pour les résidences d’artistes – qui n’existaient pas dans les anciens locaux. L’un des enjeux consistait à maintenir l’équipe du Confort Moderne, l’association L’oreille est hardie, sur place, pendant toute la durée du chantier. Cela fut possible grâce à l’acquisition d’une maison à l’entrée du site, où s’est installée l’association. Nous avons aussi construit la maison de chantier qui est devenue un lieu de passage, de convergence et d’échanges. C’était le premier acte de construction collective du projet, qui mettait en commun les moyens des entreprises puisque les ouvriers utilisaient des matériaux stockés dans leurs entrepôts (refus de chantier ou rebus) et ceux de la maîtrise d’usage pour l’aménagement intérieur (mobilier, équipement de cuisine). Nous avons fait intervenir une entreprise d’insertion locale, Cap’vert, pour réaliser la dépose d’éléments récupérés sur les bâtiments existants, comme les fenêtres ou les portes qui ont pu être utilisées pour la maison de chantier. La maquette du projet y est à demeure, comme outil de compréhension.

© Cyrille Weiner
© Cyrille Weiner

Cet entretien est à retrouver en intégralité dans le dans le numéro 423 d’AA, disponible en librairies et sur notre boutique en ligne !

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