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L’agence PetitdidierPrioux, la tête dans « les nuages »

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© Sergio Grazia

L’agence d’architecture parisienne PETITDIDIERPRIOUX a livré, en décembre 2016, la dernière opération de l’éco-quartier Boucicaut, dans le 15e arrondissement de Paris. Au programme : 109 logements collectifs dont 24 logements sociaux, 77 logements à loyer maîtrisé et un foyer médicalisé de 8 logements. Un bâtiment compact baptisé pourtant « Les Nuages » pour ses deux parties centrales flottantes au-dessus du sol, simplement aériennes. Entretien avec Cédric Petitdidier autour de l’histoire du projet.

 

L’Architecture d’Aujourd’hui. Comment s’est déroulé le concours du projet ?

Cédric Petitdidier. Après l’acquisition de la charge foncière par Nexity, c’est l’Office Public d’Aménagement et de construction à Paris, la Sempariseine, qui a lancé le concours d’architecture avec mission complète – les missions complètes sont plutôt rares aujourd’hui. Parmi plusieurs centaines de réponses, nous avons été sélectionnés fin 2012 avec quatre autres agences : Charles-Henri Tachon, Fresh architectures, Guy Vaughan et Joly & Loiret. Nous avons finalement été choisis mais nous devions revoir le rapport au sol des « nuages » pour qu’ils soient supportés par deux poteaux.

Le projet était « plein comme un œuf » car le programme est très dense et nous avons eu des difficultés à faire le vide dans le volume construit. Je pense que la légèreté suggérée par les « nuages » nous a permis de remporter le concours. Nous avons mis de la densité là où ça se voyait peu et nous avons privilégié le vide. Au final, notre projet paraît plus léger et moins dense qu’il n’est réellement.

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© Sergio Grazia

Pourquoi avoir choisi la brique comme matériau principal de votre projet ?

Paul Chemetov, architecte coordonnateur de la ZAC, a établi des prescriptions pour la volumétrie, le raccordement des bâtiments au sol, la grille urbaine, et la matérialité du bâti avec le choix de la brique. Nous avons établi la colorimétrie avec lui et en accord avec celle de l’hôpital Boucicaut, dans les tons ocre, jaune, beige avec un peu de rouge. Nous avons travaillé avec l’entreprise belge Wienerberger, spécialisée en terre cuite pour la construction. Ce matériau inscrit notre projet dans l’histoire du site. Il revêt un caractère noble et protecteur.

Du côté du square Duranton et de la rue des Cévennes, notre bâtiment possède une peau composée d’un double-mur en briques pleines. En complément, nous avons joué avec des parties ajourées : pour les garde-corps, moucharabiés et acrotères, nous avons opéré un décalage de brique d’une demi-trame. Notre technique repose sur des briques superposées mais décalées latéralement pour avoir un vide entre chaque brique ; elles sont percées pour faire passer des tiges en acier au niveau des parties qui se superposent. Cela permet d’avoir la même résistance que pour un mur plein mais avec des ouvertures. Au total, nous avons utilisé près de 70 000 briques pour ce projet.

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© Sergio Grazia

Pourquoi avoir choisi cette figure du nuage pour un immeuble de logements ?

Nous aimions la figure architecturale des nuages et cela correspondait à notre volonté de faire un « bâtiment-pont ». À l’image des nuages, nous avons libéré le sol de tous éléments structurels. Détachées du sol, en métal pour jouer avec les reflets du ciel et des décalages de terrasses, les deux parties centrales permettent un passage en-dessous.

Le bâtiment repose sur un plan carré avec une cour intérieure qui s’inscrit dans l’histoire parisienne. Cette cour devient un lieu de passage et de rencontre. Nous retrouvons ainsi les éléments parisiens du passage sous les « nuages », du porche, de la cour et des terrasses, ici partagées par tous les habitants. On avait vraiment l’ambition d’un lieu partagé. Pour cela, le regard doit être attiré vers le cœur du bâtiment.

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© Sergio Grazia

Comment avez-vous lié toutes les typologies demandées dans un seul et même bâtiment ?

Le site de l’éco-quartier Boucicaut fait partie de l’héritage de la veuve Boucicaut, fruit de la vente du Bon Marché et l’ensemble a une vocation sociale obligatoire. C’est pourquoi, au sein du projet, on trouve un foyer pour personnes handicapées autonomes géré par l’association les Jours Heureux, des logement à loyers maitrisés (autour de18€/m2) avec Carac et du logement social avec le bailleur social Elogie. Nous avons porté la même attention à tous les logements. Nous avons fait les mêmes dessins, avec les mêmes surfaces et mêmes dispositifs pour les logements à loyers maitrisés et sociaux, les appartements étant attribués ensuite sans détermination préalable. Pour nous, il s’agit avant tout d’un projet urbain.

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© Sergio Grazia

Entretien réalisé le 6 mars 2017 par Laurie Picout

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