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Image de ville, quand l’architecture rencontre le cinéma

Quel est le dénominateur commun entre architecture et cinéma ? Créé en 2003 sur une idée de Bruno Jourdan, le festival Image de ville réunit, chaque année, ces deux disciplines à travers une programmation thématique. Son objectif : aborder les enjeux architecturaux et urbains contemporains via des projets cinématographiques, allant du documentaire à la fiction. Luc Joulé, directeur artistique du festival, a dressé pour AA le bilan de l’édition organisée en novembre 2015 tout en évoquant les perspectives de l’édition 2016.

Le festival Image de ville fêtait sa treizième édition en novembre dernier. Chaque année, la programmation s’articule autour d’un thème précis : « Ville contre nature » (2006), « Verticalopolis » (2010), « Voyage en ville » (2014) et enfin « Aux marges des villes » en 2015. Pouvez-vous nous dire quel est, aujourd’hui, le principal objectif du festival ?
Nous abordons la question urbaine par la création cinématographique et artistique au sens large. Nous essayons de concevoir une proposition cinématographique la plus complète possible : réunir des cinéastes méconnus en France, projeter des films achevés ou en cours de réalisation pour révéler des œuvres qui n’ont pas encore été montrées. C’était par exemple le cas des jeunes cinéastes italiens Massimiliano et Gianluca de Serio venus présenter lors de la dernière édition leur documentaire encore en montage à l’époque, I Ricordi del Fiume, qui révèle la vie d’un bidonville situé au nord de Turin, détruit depuis, ainsi que leur précédent film – une fiction – Sette opere di misericordia.

Que retenez-vous de l’édition 2015 ?
Cette édition a été bousculée par les événements du 13 novembre 2015. Elle laisse un sentiment de grand blanc. Nous ne pouvons notamment rien en conclure en terme de fréquentation. Mais ce que je retiendrais avant tout, c’est un festival déployé sur sa nouvelle géographie ; nous avons confirmé notre présence à Marseille pour la 3e année consécutive en développant la programmation sur 5 lieux. Le festival était présent pour la première fois à Martigues et à Port-de-Bouc. Nous avons inauguré ce qu’on pourrait appeler un grand territoire métropolitain. Prouvant, si besoin est, que la culture constitue un élément majeur de cohésion et de vitalité territoriales, au-delà des seules considérations économiques.

Image de ville, édition 2015. © Eric Massua
Image de ville, édition 2015. © Eric Massua

Qu’est-ce qui distingue cette édition des précédentes ?
Probablement l’innovation : la nouvelle géographie que je viens d’évoquer est inédite mais l’innovation se décline aussi à travers des expérimentations telle la résidence d’un cinéaste tunisien avec lequel nous avons organisé un workshop à destination d’étudiants en cinéma et urbanisme. Il s’agit de dispositifs qui existaient à plus petite échelle dans les éditions précédentes et qui se sont confirmés, affirmés, prolongés en 2015.

Comment se déroule la préparation d’une édition du festival ?
À partir d’un thème que nous choisissons, nous essayons de tirer des fils pour déterminer des axes de programmation. En réalité, nous construisons un micro-récit qu’on vient ensuite illustrer avec des films et des cinéastes. La programmation s’enrichit aussi de l’actualité du cinéma et du travail à long terme de certains réalisateurs chez qui la question urbaine est prégnante (comme, par exemple, Rabah Ameur-Zaïmeche reçu l’année dernière). L’idée est de donner à entendre, voir et comprendre. C’est une alchimie à chaque fois inédite et toujours fragile. D’autant plus que le festival ne dispose pas de lieu dédié. Nous construisons chaque édition chez les autres et avec les autres.

Pouvez-vous déjà nous révéler la thématique de l’édition 2016 ?
Cette année, nous aborderons la question de « La jeunesse dans la ville ». La jeunesse en tant que population non encore adulte. Et aussi la jeunesse de la ville, la ville à venir. La ville dont on transgresse ou détourne les usages, la ville où l’on cherche sa place, la ville où l’on invente d’autres manières de faire ou d’être…

Image de ville, édition 2015. © Eric Massua
Image de ville, édition 2015. © Eric Massua

En attendant la prochaine édition du festival, prévue fin 2016, quelle est l’actualité d’Image de ville ?
Thierry Paquot, président du festival, organise Archiciné à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, un rendez-vous mensuel composé de projections de documentaires ou de fictions commentés par des invités. Une fois par mois à Marseille, au Vidéodrome 2, nous proposons, en partenariat avec les Éditions Parenthèses et la Maison de l’architecture et de la ville PACA, un rendez-vous autour de la projection d’un film en présence de son auteur, précédée d’un dialogue avec un « professionnel » de la question urbaine (architecte, urbaniste, sociologue, géographe). Au mois de septembre prochain, Image de ville participe à une programmation qui accompagnera la sortie du dernier livre de Marcel Roncayolo consacré à sa ville natale, Marseille. Et puis, nous développons également une activité de soutien à la création cinématographique en accompagnant différents projets de films et leurs auteurs.


Entretien réalisé par Laurie Picout.

Pour en savoir plus sur l’édition 2016 comme les éditions passées, visitez le site internet du festival.

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