Collaborations

Concours Vicat RéGénérations : projet Terra Terre

Souvent controversé sur le plan environnemental, le béton cellulaire permet dans le projet « Terra Terre » une architecture innovante et durable au service des habitants. Dans le cadre du concours étudiants Comment Régénérer la ville, organisé par le cimentier Vicat, les équipes participantes ont été invitées à réfléchir à des nouveaux usages pour un bâtiment collectif social installé dans le site Mermoz Sud, à Lyon. Batoul Hallal, Emilien Krzewina, Léa Monnier et Nicolas Naharberrouet – membres d’une des quatre équipes finalistes du concours – ont présenté leur projet à L’Architecture d’Aujourd’hui.

©Batoul Hallal, Emilien Krzewina, Léa Monnier et Nicolas Naharberrouet

Actuellement, de nombreux projets d’architecture ont recours à des façades végétalisées, des terrasses plantées d’arbres, etc. En quoi votre projet est viable et se distingue du simple greenwashing ?

Le greenwashing conduit aujourd’hui trop souvent à des aberrations écologiques. C’est pourquoi nous ne voulions pas proposer une simple végétalisation. Notre objectif de viabilité est incarné par la remontée de terre en façade pour créer une continuité avec le sous-sol et donc un enracinement crédible dans sa biodiversité. L’épaisseur de terre que nous projetions est d’au moins 50 centimètres, sans quoi il est utopique d’imaginer le développement d’une quelconque biodiversité. Une faiblesse assez récurrente des façades végétalisées est leur statut d’enveloppe, tandis qu’ici, les habitants pourraient atteindre le végétal par la culture des allèges de leur logement. Cette compréhension du vivant est cruciale pour nous, car elle rappelle qu’on ne peut pas raisonnablement attendre d’une telle façade qu’elle soit foisonnante tout au long de l’année, elle peut être dégarnie en hiver, ou sèche en été.

Votre projet met en valeur la biodiversité et le rapport des habitants à la nature en ville. Pourquoi avoir choisi le béton, matériau controversé d’un point de vue durable ?

Référence dans la mise en œuvre de dispositifs végétalisés, le botaniste Patrick Blanc est l’une de nos principales références pour ce projet. Comme lui, nous souhaitions nous inscrire dans une démarche environnementale positive, mais à moindre coût, tant financier qu’écologique. Le choix du béton peut alors sembler contradictoire. Initialement, nous n’étions pas particulièrement attachés à son utilisation, mais il est indéniable qu’il s’agit d’un matériau à fort potentiel, par ses qualités mécaniques et sa pérennité. Ce n’est bien sûr pas le seul choix possible, mais certainement le plus réaliste à l’heure actuelle.

Avez-vous imaginé votre projet en pensant d’abord à l’usager ou à l’environnement ?

À l’instar des travaux de Jana Revedin, nous avons pensé l’existant comme une ressource centrale du projet. Ainsi au même titre que les constructions, la vie sociale présente dans le quartier notamment au niveau des inter-barres a été un élément précieux quant à l’élaboration d’un nouvel écosystème. Il nous semblait illusoire de concevoir la réhabilitation d’une barre de logements par la seule approche écologique favorisant la biodiversité via des systèmes complexes sans y mêler l’usager. Notre projet se voulait effectivement au service de l’environnement, mais notre vision de l’écosystème incluait tout autant l’usager que la biodiversité pour tendre vers une pérennité optimale.

 

Entretien réalisé par Garance Sornin

L’équipe :

Batoul Hallal – Architecte diplômée de l’American University of Beirut, étudiante en master ingénieur à l’ENTPE
Emilien Krzewina – Étudiant en master double cursus architecte-ingénieur à l’ENSAL et l’ENTPE
Léa Monnier – Étudiante en licence double cursus ingénieur à l’ENTPE et Sciences Po Grenoble
Nicolas Naharberrouet – Étudiant en master double cursus architecte-ingénieur à l’ENSAL et l’ENTPE

React to this article