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Biennale Internationale de Design à Saint-Étienne : mutations et révolutions

Jusqu’au 9 avril 2017, la Biennale Internationale de Design de Saint-Étienne est dédiée aux « mutations du travail », une thématique révélatrice des questionnements d’une société qui reposait, en 2015, sur 71,5 % d’actifs parmi les 15-64 ans[1]. Un chiffre en constante augmentation et un sujet d’actualité pour la ville à l’honneur de cette 10ème édition, Detroit. Dans cet ancien fleuron industriel américain, la population a véritablement réinventé les manières de travailler pour parer à la crise économique et à la fermeture des entreprises automobiles qui faisaient vivre la région depuis le XIXe siècle.

Créations sonores, installations artistiques, performances vidéos, … la vingtaine de commissaires d’expositions et les centaines d’étudiants de l’École supérieure d’art et design (ESADSE) et de l’Ecole d’Architecture de Saint-Étienne se sont emparés le sujet en exploitant de multiples supports de création, pour une biennale axée sur la recherche autant que sur le développement de solutions clés en main. Au programme cette année : influence des nouvelles technologies sur les manières de travailler, apparition des tiers-lieux[2] et du flex office[3], invention d’une société sans travail, etc. Autant de révolutions que de mutations.
Retrouvez ci-dessous la sélection d’AA des expositions de la Biennale.

ShiftSpace (Detroit’s cafe + Bureaux) © Pierre Grasset
ShiftSpace (Detroit’s cafe + Bureaux) © Pierre Grasset

Shift Space, Cité du Design, Cézanne Charles, Creative Many Michigan et LAAVU.

À l’honneur de cette 10ème session, la ville de Detroit (Michigan, Etats-Unis) a été touchée par la crise dès les années 1960 jusqu’à la faillite du secteur automobile en 2013, touchant des entreprises telles que Ford, Chrysler et General Motors . Aujourd’hui, elle a largement entamé son virage économique et accueille la plus haute concentration de designers industriels et commerciaux des Etats-Unis. En décembre 2015, Detroit rejoignait le réseau des villes créatives de l’Unesco. Pendant toute la durée de la Biennale, les membres de l’organisation « Creative Many Michigan » tiennent un café où les artistes et porteurs de projets peuvent se rencontrer. Une série de conversations sous le thème « Universal Basic » explore l’équité et l’espace social dans le design.

La gueule de l'emploi © Pierre Grasset
La gueule de l’emploi © Pierre Grasset

 

La gueule de l’emploi, Cité du Design, Cycle Design Recherche de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne.

Les étudiants se sont interrogés sur l’accès au marché du travail et l’identité des demandeurs d’emploi. À voir : des banderoles « il est temps d’être soi ! » ou « deviens qui tu veux ! », une « table de compétences » qui repose sur le modèle Riasec[4] en définissant un métier en fonction de savoir-faire et centres d’intérêt, le jeu « Bullshit Game » oppose employeur devant faire des économies et Employé visant la sécurité financière et, enfin, un Ministère de la non-vocation « consacré aux personnes qui se trouveraient dans l’impossibilité de trouver leur vocation, qui n’auraient vocation à ne rien faire, mais surtout à le faire bien ».

 

Extravaillance ≠ Working Dead © Pierre Grasset
Extravaillance ≠ Working Dead © Pierre Grasset

 

 

 

 

Extravaillance ≠ Working Dead, Cité du Design, Didier Fiuza Faustino, Alain Damasio et Norbert Merjagnan, le collectif Zanzibar.

La robotisation complète de la société jusqu’à sa disparition totale du travail pour l’homme, l’obligation de devoir payer pour travailler, la valorisation d’une monnaie à mesure des collaborations… autant d’utopies et de dystopies dont se sont saisis les commissaires d’Extravaillance pour créer des fictions sonores de 8 à 15 min.

POPCORN – Art, design et cinéma © Yves Bresson / MAMC
POPCORN – Art, design et cinéma © Yves Bresson / MAMC

Popcorn : Design, Art et Cinéma, Musée d’Art moderne et contemporain, Alexandra Midal et Sébastien Delot.

Popcorn explore les relations entre expérimentation, production et divertissement à travers le croisement entre l’art, le design et le cinéma. L’exposition débute avec la sortie des Usines Lumière où le travail s’impose comme premier sujet cinématographique et dévoile progressivement les mécaniques sous-jacentes à la production des œuvres du couple Eames, J. Morrison ou N. Toran.

 

 

[1] Source : INSEE, Une photographie du marché du travail en 2015, Simon Beck et Joëlle Vidalenc, division Emploi, www.insee.fr/fr/statistiques/2121578.

[2] Espace de rencontres et d’échanges informels qui se distinguent de la maison et du lieu de travail.

[3] Transformation du secteur tertiaire avec la disparition du bureau fixe au profit d’une diversification des espaces de réunion, de concentration, de détente, où chacun peut aller avec son ordinateur portable.

[4] Modèle mis au point par le psychologue John L. Holland identifiant six types de personnalités en milieu professionnel qui sont à mettre en lien avec les intérêts professionnels.

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